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 The Chronicle of Arbela.  Sources Syriaques, t. 1 (1907)  French text.


SOURCES

SYRIAQUES

MŠIHA-ZKHA (TEXTE ET TRADUCTION)

BAR-PENKAYE (TEXTE)

PAR

A. MINGANA

PROFESSEUR DE SYRIAQUE AU SÉMINAIRE SYRO-CHALDÉEN

SE VEND

CHEZ OTTO HARRASSOWITZ LEIPZIG


1

MŠIHA-ZKHA

(Catalogue d'Ebedjésu)


IMPRIMERIE DES PÈRES DOMINICAINS A MOSSOUL


A MON MAITRE ET DIRECTEUR

SEBASTIEN SCHEIL O. P.


PRÉFACE

Les pages que nous livrons aujourd'hui au public, comblent une lacune. L'ignorance où nous sommes, des commencements du Christianisme dans l'empire Perse, a toujours été vivement regrettée. Le manuscrit dont nous donnons ici le texte et la traduction, remédiera en partie à ce défaut de nos connaissances, et nous permettra en môme temps de redresser maintes erreurs ayant encore cours dans les travaux de nos syrologues modernes.

La vie et le personnage de Mšiha-zkha nous sont inconnus. Voici, à ce sujet, les quelques indications que nous avons pu extraire de son histoire. Il était du pays de l'Adiabène; le ton et la teneur de son livre nous démontrent ce point avec certitude. Il était probablement élève de l'école de Nisibe. Ce qui nous le fait supposer, c'est qu'il entre, touchant cette célèbre université, dans des détails que nous ne pouvons nous expliquer qu'en admettant qu'il fut auditeur des savants professeurs qui dirigeaient cette école. Tout nous porte à croire qu'il était disciple d'Abraham de Béth Rabban; à preuve, l'éloge qu'il fait de lui dans la vie de l'évêque Hnana. Or ce fameux. Interprète ayant dirigé l'école de 509 à 569 (1), Mšiha-zkha aurait vécu au VI s. Il était, semble-t-il, prêtre ou plutôt prêtre-moine; ce point ressort du ton pieux et édifiant qu'il donne à son style en môme temps très simple et très clair. |viii

Nous pouvons prouver avec certitude que Mšiha-zkha a composé son histoire de l'an 550 à 569. En parlant de l'évêque de Nisibe, Paul, il dit qu'il fut ordonné après le retour de Mar Aba du Huzistan; or ce retour ayant eu lieu en 550(2), nous sommes obligés d'admettre, pour l'époque de sa composition, la dernière moitié du VI siècle. D'un autre côté, nous ne pouvons pas dépasser l'an 569, puisque l'auteur emploie le temps présent, contrairement à son habitude, quand il parle d'Abraham de Béth Rabban. Les deux limites sont donc forcément les dix-neuf ans compris entre 550 et 569.

D'après ce que nous avons constaté avec quelque certitude, les sources de Mšiha-zkha sont, pour l'histoire de l'Occident : Eusèbe de Césarée, Clément, et peut-être Socrate; enfin un apocryphe aujourd'hui perdu; pour l'histoire de l'Orient : Habel le docteur, la collection des martyrs de l'Adiabène (3), dont la rédaction peut être placée au commencement du V siècle, et la tradition locale.

Les Syrologues modernes semblent identifier et confondre les trois historiens : Mšiha-zkha, Išo'-zkha et Zkha-Išo', à cause de la similitude de nom; chose qui nous paraît impossible, car en comparant les citations empruntées, dans les temps postérieurs, à Išo'-zkha et a Zkha-Išo', avec le texte de Mšiha-zkha, aucune d'elles ne saurait être attribuée à ce dernier. Un exemple suffit pour démontrer ce que nous avançons : Thomas de Marga voulant fixer, dans son histoire monastique, l'époque de l'émigration de Jacques, fondateur du couvent de Béth-'Abé, cite Išo'-zkha, d'après lequel Jacques se serait rendu dans la Haute-Adiabène, sous le gouvernement |ix de Mar Babai, et cela la cinquième année de Kosrau fils de Hormizd (4), correspondant à l'an 595/6, puisque ce roi a commencé à régner en 590 (5). Or nous avons vu plus haut que, pour la composition de l'histoire de Mšiha-zkha, on ne peut pas dépasser l'année 569; notre auteur ne pourrait donc pas relater des événements qui lui seraient postérieurs au moins de vingt cinq ans. Cet Išo'-zkha, cité par Thomas de Marga, serait donc un historien qui aurait vécu au plus tôt au commencement du VII siècle (6), une cinquantaine d'années après nôtre auteur.

L'histoire de Mšiha-zkha forme une série de biographies de vingt évoques qui ont gouverné l'église d'Adiabène jusqu'au VI siècle. Chacune de ces biographies renferme les faits principaux, qui ont signalé le passage de chaque évêque sur le siège d'Arbèles. Généralement la durée de chaque épiscopat nous est donnée en années, à la fin de sa vie; quand elle ne l'est pas, des indications d'à côté permettent de la déterminer. Quand à classer ces groupes d'années dans un cadre chronologique, certaines dates-jalons nous permettent de le faire; v. gr. la 7e année qui a suivi la défaite de Kosrau roi des Arsacides par Trajan; l'année de la chute des Parthes, c-à-d. le mercredi, 27 Nissan, 535 des Grecs etc. etc. Les faits étrangers à l'histoire du pays, mais s'y rattachant par leur caractère religieux, entrent plus ou moins arbitrairement dans cette trame et sont groupés quelque peu élastiquement autour de tel ou tel épiscopat, comme l'indiquent fréquemment les mots «en ce temps, vers le même temps, en ces jours...». |x Il ne faut donc pas s'étonner de les voir déborder deçà delà les groupes auxquels ils sont annexés.

Outre les avantages que nous trouvons dans Mšiha-zkha au point de vue de la chronologie, il nous en fournit d'autres encore très importants, comme 1° des données précises sur les débuts du Christianisme sous les Arsacides et les Sassanides, données faisant remonter l'évangélisation des contrées ciseuphratiques au premier siècle de notre ère et non au troisième, comme semblent l'admettre quelques critiques de nos jours; 2° la fixation de l'époque où l'apôtre Addai a vécu, question très discutée par les savants; 3° les détails qu'il nous transmet sur les Parthes dont l'histoire est des plus obscures; 4° des données certaines qui nous permettent de trancher plusieurs questions concernant le patriarcat de Séleucie-Ctésiphon etc. : tous détails, qui mettent l'œuvre de Mšiha-zkha bien au dessus des compilations historiques que les Syriens civilisés nous ont laissées.

Disons un mot sur le manuscrit lui-même qui nous a conservé l'histoire de Mšiha-zkha. A seize lieues au nord-est de Zakho, et à vingt lieues environ au nord-ouest d'Ašitha, se trouve un gros village musulman nommé Ekrour. Ce village était jadis habité par les chrétiens, lesquels en furent dépossédés, il y a plus de 150 ans, par la tribu des Gogayés. Il servait aussi de résidence aux évêques nestoriens qui étaient jaloux d'y réunir les livres de leurs ancêtres, échappés au pillage des plaines : unique héritage qui leur restât de leur passé glorieux. Au moment de l'invasion des Gogayés, les fuyards emportèrent avec eux quelques-uns de ces livres qu'ils considéraient comme des objets sacrés, en cachèrent d'autres et brûlèrent, dit-on, le reste, pour qu'ils ne fussent pas souillés par les envahisseurs. Le manuscrit qui contient |xi l'histoire de Mšiha-zkha fait partie de la collection de ces livres qui ont eu la bonne chance d'avoir pu éviter l'incendie. Il est écrit sur gros papier de format in-8°, avec des caractères stranguélis dont l'âge est assez difficile à déterminer, à moins qu'on ne veuille trancher la question en les faisant remonter au X siècle : ce qui ne serait pas lui faire trop d'honneur. On lui avait accolé, après coup, un manuscrit contenant les homélies de Warda. Après en avoir détaché ces cahiers surajoutés , j'ai fait refaire à neuf, par un homme de métier, les précieux restes renfermant la chronique de Mšiha-zkha, pour en rendre le transport plus facile. Le manuscrit étant tronqué au commencement et à la fin, il nous était impossible d'en connaître l'auteur. Fort heureusement, nous en avons trouvé le titre écrit en marge, dans le corps même du manuscrit (voir p. 49).

A. MINGANA.

MOSSOUL, JUIN, 1907.


1. (1) Voir le texte historique de la chronique de Barhadhbšabba édité par nous dans Narsai homiliae et carmina vol, I, p. 8 et 35 et sqq. 

2. (1) Cf. J. Labourt, Le Christianisme dans l'Empire Perse, p. 191.

3. (2) Dans Bedjan, Acta Martyrum et Sanctorum, vol. IV, p. 128-165.

4. (1) Thomas de Marga, p. I. chap. 23, p. 36 (édition Bedjan).

5. (2) Noeldeke. Geschichte der Perser und Araber (Tabari) p. 435, .

6. (3) Thomas nous avertit d'ailleurs qu'il écrivait sous Iso'-iahb II, de 628 à 643; ibid. p. 36.


HISTOIRE DE L'EGLISE D'ADIABÈNE SOUS LES PARTHES ET LES SASSANIDES

PAR MŠIHA-ZKHA (VI S.)

(Traduction)

Mšiha-zkha fit une solide histoire ecclésiastique. (Catalogue d'Ebedjesu)

(1) ............. et plusieurs fois tu m'as demandé, mon cher Pinhés, de t'esquisser l'histoire de tous les évêques de notre hyparchie, des martyrs qui y furent tués pour l'amour du Christ, et de. tous ceux qui ont acquis un bon renom dans ce monde et dans le monde futur, afin que par cela gloire soit rendue à Dieu, et que nous aussi ayons un bon gage au ciel; car tu sais que l'histoire des chefs de l'Eglise nous conduisant facilement au fondateur de l'Eglise, qui est notre Seigneur Jésus-Christ, |77 le vivificateur de notre pauvre humanité, nous ne l'enaimerons que mieux. Lui doit être le but de nos pensées et nous devons tendre à son amour. Et si nous faisons cela, l'Esprit-Saint habitera en nous et nous serons des sanctuaires pour la Sainte Trinité, qui résidera en nous tous. Car c'est la vertu de cette Trinité adorable qui plante en nous une vigne, nous entoure d'une haie et y creuse un pressoir (Isaïe V, 1) : une vigne, parce que nous sommes la culture de Dieu, lui nous a plantés et nous lui appartenons; il est écrit : Il est venu chez lui (Joan I, 11); une haie : afin que nous y soyons gardés et cachés et que les griffes de nos ennemis visibles et invisibles ne nous déchirent pas. Le pressoir a été dit à t'adresse des martyrs qui sont tués pour l'amour du Christ et pressurés comme les raisins par les pieds des bourreaux infidèles. Le divin David a dit : Pour vous nous fûmes tués chaque jour et nous fûmes considérés comme des brebis (destinées) à la boucherie (Ps. XLIV, 23). Nous traiterons donc, par la vertu de Dieu, des chefs et des martyrs, et, dans la prière, nous demandons secours à notre Bon Dieu, afin que par sa grâce il nous pardonne nos défaillances et nous fasse paraître avec des faces joyeuses devant le trône de sa gloire; à lui soient rendues louanges et bénédictions dans les siècles des siècles.

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1e EV. PKIDHA (104-114) (2) Le premier évêque qu'eut le pays d'Adiabène est, comme le dit le docteur Habel (3), Mar Pkidha à qui l'Apôtre Addaï en personne |78 imposa les mains. Il était fils d'un homme pauvre appelé Béri, lequel était au service d'un mage. Mais la grâce de l'Esprit-Saint qui nous fut donnée en abondance par Notre Seigneur Jésus-Christ, tressaillit dans le cœur de son fils, quand celui-ci vit le miracle par lequel l'Apôtre Addaï (4) ressuscita une jeune fille, au moment où on la portait au cimetière, et la livra à ses parents. Il résolut donc de devenir le disciple (de l'Apôtre). Quelles persécutions subit-il de la part de son père et de ses proches parents, la bouche ne saurait le peindre, ni l'esprit le concevoir. Comme malgré tout cela il fut inébranlable dans ses projets, ses parents l'emprisonnèrent dans une maison ténébreuse; mais il y fut secouru, et la porte lui fut ouverte. Il courut et s'en alla chercher l'apôtre; mais il ne le trouva pas. Lorsqu'il apprit qu'il était allé dans les villages de la montagne, il se dirigea aussitôt de son |79 côté et le rejoignit pour être son disciple et pour être béni par lui. Quand après plusieurs jours il arriva au bienheureux, celui-ci se réjouit beaucoup à son sujet et commença à l'emmener avec lui partout où il allait. On dit qu'après cinq ans il lui imposa les mains et le renvoya à son pays. Il commença à prêcher au milieu des foules (haies) des païens, fit des prodiges et des miracles comme les apôtres et fit entrer au bercail du Christ un grand nombre de brebis, qu'il engraissa de la grâce divine. Après dix ans il mourut et fut enterré par ses disciples dans la maison de ses parents qui avaient changé de sentiment et l'avaient suivi.

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2e EV. ŠEMŠOUN (120-123) Six ans après, Mezra, évêque de Beth-Zabdai (5) vint au pays d'Adiabène avec une caravane de gens de commerce. Lorsqu'il apprit qu'il y avait la une communauté de chrétiens, il vint furtivement chez eux, et après qu'il les eut rassurés, ils le firent entrer dans la maison et lui dirent qu'ils étaient depuis six ans sans chef. Ils le supplièrent d'imposer les mains au diacre Šemšoun et de le leur sacrer évêque. Acquiesçant à leurs bons désirs, il lui imposa les mains, parce qu'il avait appris qu'il était diacre de Pkidha. Celui-ci commença à son tour à gouverner cette communauté divine et à la parquer dans les prairies de la force (PS. XXIII, 2). Se répandant au dehors, il commença à prêcher |80 dans les villages environnants, qui adoraient le feu et y jetaient de petits enfants lors de leur grande fête qu'ils appelaient Šahrab-Gamoud. Habel, l'écrivain, décrit de la manière suivante cette fête : Cette fête, dit il, arrivait au mois d'Iar, et de toutes les contrées on se réunissait près de la grande source. Après qu'on s'y était baigné, on s'asseyait, faisait la cuisine et donnait à manger à tous les esclaves. Les habitants eux-mêmes ne mangeaient qu'ils n'eussent jeté dans le feu un de leurs petits enfants; se saisissant de son foie et de ses reins, ils les suspendaient aux branches des arbres qui se trouvaient là, en souvenir de leurs fêtes. Ensuite ils lançaient plusieurs flèches vers le ciel, en guise de joie, et retournaient à leurs maisons. Après leur avoir prêché deux ans durant, il en baptisa un grand nombre, et la religion chrétienne se répandit dans le pays, grâce aux vertus de Šemšoun. Cet événement étant venu à la connaissance des grands de la contrée et des mages, ceux-ci le jetèrent dans les fers . et après plusieurs tourments, le décapitèrent. Ceci arriva, dit le docteur Habel, sept ans après la défaite de Kosrau, roi des Ârsacides, par Trajan, roi des Romains, lequel était venu visiter nos pays (6). Šemšoun fut le premier |81 martyr de noire contrée qui monta au ciel. Que le Seigneur nous aide par ses prières el fasse que nous imitions tous sa conduite, afin de jouir de ses délices. Que dirai-je maintenant! Comment exalterai-je ce bienheureux apôtre qui avait pris notre Seigneur comme modèle, qu'il ne cessait de contempler. Adorons Notre Seigneur Jésus-Christ, qui a confié à ses apôtres et après eux à leurs successeurs le dépôt de sa parole, qui a donné à leurs discours la force qui a fait que les peuples incultes et barbares, soient dans l'admiration et éblouis; l'écho de ces paroles a été entendu par toute la terre, car il est écrit: leur nouvelle se répandit par toute la terre et leurs parôles jusqu'aux extrémités du monde (Ps. XIX, 5). C'est lui qui en les fortifiant, faisait tout par leur moyen; à lui soit la gloire toujours et dans les siècles des siècles. C'est de pareils hommes qu'a fait naître notre pays ! mon cher Pinhès; c'est de leur sang que les sillons de notre pays ont été arrosés, que leurs semences ont levé et ont donné les unes trente, les autres soixante et les autres cent. Šemšoun de l'Ancien Testament a mis en fuite, et soumis les Philistins par sa force, et Šemšoun du Nouveau Testament a assujetti les païens, les Philistins de son temps, et les a mis sous le joug de la servitude du Christ, par la force de son Seigneur, par son jeûne et son abnégation, de telle sorte qu'ils ne purent nullement rompre leurs liens. Dans l'Ancien Testament (le Seigneur) montra sa force et dans le Nouveau sa grâce; que sa force et sa grâce nous accompagnent tous les jours.

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3' EV. ISAAC (135-148) Après cet athlète du Christ, il y eut, comme chef des nombreux chrétiens d'alors, Mar |82 Isaac, homme zélé et modeste (7) qui fut offert comme un Sacrifice vivant à Dieu à l'instar d'Isaac (8). La Providence divine ne permit pas que les traits du malin ennemi de toute sainteté le transperçassent. Lui, à son tour, prêcha l'Evangile, comme ses confrères, sans se rebuter.

En son temps, il y avait un homme illustre et opulent, nommé Rakbakt, qui, dit-on, avait été nommé par les rois pour gouverner cette contrée. Dès qu'il entendit parler de Mar Isaac, il vint le trouver et l'interrogea |83 sur sa religion; celle-ci lui plut beaucoup et il demanda à en faire partie. Après plusieurs jours, Isaac le baptisa en secret, à cause de la crainte que lui inspirait Walgaš II, roi des Parthes (9). Par le moyen et l'appui de cet homme divin, Constantin de son temps, la religion chrétienne se répandit dans les villages des environs, et les prêtres païens se levèrent contre lui et voulurent changer ses idées ; mais s'y étant fatigués vainement, ils résolurent de le tuer afin que la religion des mages vécût. Or Habel, le docteur, raconte et dit qu'ils donnèrent ordre à d'autres coreligionnaires mages, qui habitaient dans la montagne, de changer d'habits et de se vêtir à la manière des pays lointains, et de venir au Saint du Seigneur, comme des hôtes qui ne font que passer, et séjournant chez lui toute la nuit, de le tuer vers la fin de la nuit, après quoi ils retourneraient dans leur pays. Les ennemis du Très-Haut et amis de Satan, le maudit, firent beaucoup plus qu'il ne leur avait été mandé, dirigés et endoctrinés qu'ils étaient par les mages leurs frères.11 envoyèrent donc en avant plusieurs serviteurs pour informer le fidèle Rakbakt qu'il y avait des Seigneurs qui venaient chez lui des lointains pays des Romains, et qui voulaient passer la nuit dans sa maison; et que par conséquent, il eût à leur préparer un festin digne de leur rang. Lorsque le Saint du Seigneur apprit cela, il s'ingénia à préparer, au plus vite, tout ce qu'il fallait, et son âme se réjouit en Dieu, en pensant qu'il pourrait peut-être convertir (ces gens) à la religion d'un seul Dieu, créateur |84 du ciel et de la terre. Tout était prêt, quand ces envoyés de Satan arrivèrent, montés sur des chevaux caparaçonnés. Mais Dieu qui est bon envers Israël et envers ceux, qui ont le cœur pur (Ps. LXXIII, 1) ne permit pas que les flèches qu'ils avaient ajustées sur la corde (Ps. XI, 2) lui nuisissent; car au temps où il était encore au souper, un messager de Ctésiphon vint trouver le Saint du Seigneur et lui mander de la part du roi Walgaš, de venir sans retard, s'il le voulait bien, à Ctésiphon, afin que parla force d'eux deux, fut réprimée l'impétuosité des peuplades barbares qui s'étaient ruées sur les pays des montagnes de Kardou et avaient pillé et détruit plusieurs villes (10). Il se leva alors sur le champ, confia le soin de ses hôtes sataniques à son frère, qui était païen, et se mit en route, lui, sans délai, avec le messager, accompagné seulement de quelques hommes de sa maison, après avoir chargé son frère de réunir des troupes, de les conduire en personne et de les amener à Ctésiphon. Comme le filet des prêtres de mensonge était rompu et que Rakbakt, fort en son Seigneur, s'était échappé (Ps. CXXIII, 1), les mages distillèrent tout leur venin sur la tête du Saint du Seigneur, du géant et brave Isaac. Deux jours après, ils allèrent donc l'incarcérer dans un réduit ténébreux. Ils auraient désiré le tuer mais ils redoutèrent une émeute et la clameur du peuple; une frayeur extrême les saisit aussi ,du côté du général Rakbakt. |85 

Quand celui-ci, vainqueur par son Dieu, apprit cette nouvelle désolante, il ordonna de Ctésiphon, où, il était, de libérer le serviteur de Dieu, de le faire sortir de prison et de lui octroyer une liberté complète. Il menaça, sous la foi de nombreux serments de tuer quiconque n'obtempérerait pas à cet ordre et refuserait de faire ainsi; le prophète de Dieu sortit alors de prison. Rakbakt, le géant de force, demeura seize jours à Ctésiphon; de cette ville, le général Aršak donna ses ordres, et de nombreux soldats, au nombre de vingt mille, tous fantassins, s'étant réunis à lui, il marcha contre les rebelles. Dieu sait quelles difficultés il? rencontrèrent en chemin, et quelles montagnes escarpées ils gravirent jusqu'à ce qu'ils fussent arrivés. Au premier instant de leur rencontre, il y eut entre (les belligérants) de légères escarmouches, dans lesquelles les rebelles furent défaits. A la fin, un des chefs des rebelles, appelé Kizo, fit entrer Aršak dans un défilé de ces montagnes et l'y bloqua. On y livra une grande bataille, qui dura trois jours; mais les troupes d'Aršak affaiblies par la rigueur de la faim et désespérant de vaincre, commencèrent à se débander. Alors le brave Rakbakt sortit des rangs des troupes, appela ses soldats et gravissant la montagne comme un aigle qui plane sur son nid (Deuter. XXXII, 11), engagea (les barbares) dans une mêlée affreuse et aplanit la voie à Aršak et aux autres troupes, pour s'enfuir et se sauver de ces loups violents. 

Mais le héros de Dieu avait succombé au milieu des rangs des ennemis; l'un de ceux-ci lui ayant percé le côté d'un coup de lance, il tomba mort, après avoir offert son âme, comme Judas Machabée, en sacrifice au |86 Seigneur, pour le salut de son peuple; car s'il n'en avait pas agi ainsi, par un effort de sa charité, tous les soldats auraient péri. Les rebelles, à cette vue, se proposèrent de descendre dens la plaine pour prendre toutes les villes a Aršak, mais eux, à leur tour, ayant appris qu'un autre peuple barbare avait traversé la mer et était venu comme des voleurs, saccager leurs villes, les brûler et emporter tout ce qu'ils avaient, y compris leurs femmes, firent aussitôt volte-face pour aller porter secours à leur propre pays. Lorsqu'ils y arrivèrent, ils guerroyèrent contre (les bandits) pendants deux mois complets, jusqu'à ce qu'ils en eussent triomphé et leur eussent fait passer derechef la mer. La plume ne saurait décrire la grande tristesse qui saisit noire pays à la nouvelle navrante de la mort de Rakbakt. Les vrais chrétiens surtout versèrent des larmes sur lui et le pleurèrent comme David le fit pour Jonathas (II, sam. 1, 19 et sq.). Comment est tombé le géant dans le combat! Jonathas, les morts sont sur tes collines; o Jonathas, mon frère, je suis dans l'affliction à cause de toi; tu faisais tout mon bonheur. Qui peut maintenant mettre un terme à la douleur qui envahit Isaac, à la mort de son protecteur ! A cette question nous devons garder le silence, parce qu'au jour du jugement nous verrons , clairement toutes choses comme elles sont en réalité.

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4e Ev. ABRAHAM(148-163) A peu de temps de là, mourut aussi l'ami de Dieu, l'évêque Mar Isaac, après avoir gouverné le siège pendant treize ans. Cet homme actif que le zèle de la maison du Seigneur avait dévoré (Ps. LXIX, 10) avait bâti une église grande et ordonnée qui existe de nos jours et est appelée de son nom. Après lui |87 se leva Abraham, le docteur, fils du défunt Salomon, dont l'origine corporelle était de Herda, village situé aux environs de la tour des Hébreux (11). Son grand père était venu; se fixer à Arbèles et ses parents avaient été évangélisés, lui encore jeune, au temps de l'évêque Šemšoun (12). (Abraham) gouverna, à son tour, le siège avec une douceur et une humilité au dessus de tout éloge. Il demeura pendant longtemps dans les hautes montagnes, y enseignant la foi chrétienne, prêchant la véritable religion et baptisant au nom du Père du Fils et du Saint-Esprit (Mat. XXVIII, 19).

Pendant qu'il habitait les hautes montagnes, enseignant le foi chrétienne, les mages se levèrent contre les chrétiens de notre pays, pillèrent tous leurs biens et les tourmentèrent atrocement. Cette nouvelle étant parvenue à l'évêque Mar Abraham, celui-ci descendit des montagnes; par la force des miracles qu'il opéra et par l'ascendant de son incompréhensible sagesse, il ne permit pas que les loups rapaces dévorassent tous les serviteurs du Christ. Après les avoir apaisés, il descendit à Ctésiphon. Le roi |88 Walgaš II était mort (13), et Walgaš III lui avait succédé. Le serviteur de Dieu avait pris avec lui de nombreux cadeaux, pour les grands de la ville, afin que parleur moyen il obtînt du roi païen une lettre en faveur des chrétiens de son pays, pour qu'ils ne fussent pas malmenés, sans raison et injustement, par les mages. Les affaires bouleversées du royaume ne lui permirent pas néanmoins d'atteindre son but, car des troupes nombreuses s'étaient réunies là de toutes les contrées (14), et se disposaient à fondre sur les pays des Romains, il revint donc sans pouvoir apporter de lettre. Mais Dieu ne permit pas que le désir des rois (Arsacides?) fût accompli; car après plusieurs chocs, les Parthes furent vaincus et poursuivis par les troupes romaines, jusqu'à ce qu'ils se fussent enfermés dans Ctésiphon. Dieu voulut alors tirer vengeance des deux (adversaires), lâcha contre eux une cruelle peste et en fit périr un nombre considérable. Les Romains furent contraints de revenir sur leurs pas et de retourner dans leur pays; ils ne purent pas même trouver leur salut dans cette fuite, car la peste qui les traquait, les décimait en grand nombre. Ils abandonnèrent des richesses considérables aux Parthes; car la crainte ne leur laissa pas le temps d'emporter quoi que ce fût avec eux. Cette peste régna trois mois durant, et anéantissait plusieurs maisons des habitants. Lorsque celle peste se déclara dans notre pays, l'évêque Abraham s'ingénia, avec toute la force divine qui était cachée en lui, à consoler et à soulager les fidèles |89 qui en étaient atteints. Lui, à son tour, en fut atteint violemment. Il imposa alors les mains à son diacre Nôh,s'en alla au paradis, d'où il recevra (15) la bonne récompense de ses labeurs, du juge équitable. Il avait gouverné l'illustre siège d'Adiabène pendant quinze ans.

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5e EV. NOH (163-179) Les parents de cet homme chaste étaient du désert d'Anbar et avaient fait le voyage de Jérusalem. Là, le jeune enfant eut des relations avec les chrétiens et fut baptisé dans la force de la grâce divine. Lorsque ses parents retournèrent en Orient, ils vinrent dans l'Adiabène, parce qu'il y avait là un bon nombre de juifs. Ils redoutaient de se transporter dans leur premier pays, à cause des troubles qui sans cesse y surgissaient. Dès que le jeune enfant sut qu'ici aussi il y avait des chrétiens, il alla trouver Abraham et devint son ami. Par le moyen du jeûne, d'une prière continuelle et de veilles prolongées et sans nombre, il parvint à un haut degré de sainteté et fut digne de la vision de Dieu, grâce à laquelle il fut à même de faire des prodiges et des miracles à l'égal des apôtres. Mais à cause de cela même, qui peut narrer les tourments et les persécutions qu'il endura de la part des infidèles et principalement des mages.

C'est là la bonne part qui fut donnée en partage aux apôtres et, en leur personne, à toute l'Eglise de Dieu. Il est écrit : souvenez-vous de la parole que je vous ai dite, qu'il n'y a pas de serviteur au-dessus de son maître; que s'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi |90 (Joan. XV, 20) et encore : je vous ai dit ces choses, afin que vous ne vous scandalisiez pas; ils vous chasseront de leur synagogue, et viendra une heure où quiconque vous fera mourir, croira offrir un sacrifice à Dieu (Joan.XVI, 1-2). L'Eglise est le royaume spirituel du Christ sur la terre; mais cette Eglise est confondue avec les méchants, les infidèles, les mages et les païens, et à chaque instant elle leur fait la guerre; nous avons l'espoir qu'elle aura toujours la victoire et la supériorité, car Notre Seigneurl4 a dit: moi j'ai vaincu le monde, et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle (Joan. XVI, 33. Malt.XVI, 18). Cette inimitié qui existe entre l'Eglise du Christ et le monde, n'aura de terme qu'à la fin des temps, lorsque le blé sera séparé de l'ivraie, laquelle sera jetée au feu pour être brûlée (Matt. XIII, 30). L'évêque Noh se rappelait tout cela, quand on le jeta par cinq fois en prison, , et des mers de joie l'inondaient, lorsque douze fois on le battit de verges et de fouels jusqu'à l'effusion de son sang, tandis que lui se taisait comme une brebis devant le tondeur (Isaïe LIII,8). A la fin, Dieu lui-même se chargea de vengerson saint et de le délivrer des mains des pervers, afin que la parole de David s'accomplit : J'étais petit et maintenant j'ai vieilli, et je n'ai pas vu un juste délaissé (Psal. XXXVII, 25). Un certain jour donc le fils d'un homme, nommé Razšah, riche et noble, d'un bourg du pays de l'Adiabène, tomba du haut de la maison, se brisant le pied avec fracture de l'os principal de l'avant-bras. Lorsque cet accident eut lieu, Razšah n'était pas chez lui, mais à la ville d'Arbèles, pour affaires de sa maison. Il partit avec des gémissements amers pour voir l'issue de la chose, Saint |91 Noh se trouvait alors dans ce gros village, situé sur le Zab; car il avait fui le poison des mages et se tenait caché là.

Lorsque Razšah arriva et vit son (fils) unique à deux doigts de la mort (m. à m. ballant les portes de la mort), il perdit la raison par l'accablement de sa tristesse, et commença à répandre de la cendre sur sa tête et dans toute sa maison. Alors le Saint de Dieu se rendit sur les lieux et promit aux gens de la maison de leur remettre leur enfant sur pied, à condition qu'ils croiraient en Jésus-Christ. Ils répondirent : si tu donnes de nouveau la vie à cet enfant chéri, nous ferons tout, comme tu le voudras. Le Saint pria alors et dit : Seigneur ! Dieu des patriarches, toi qui as montré ta force dans le peuple juif et dans les gentils; toi qui. par Moïse, as fait des prodiges éclatants et sans nombre, et as fait sortir les enfants d'Israël (de l'esclavage), par la force de ta toute-puissance; toi qui as déclaré aux yeux de tous les hommes que tu ne le réjouis pas de la mort des pécheurs, mais (que tu désires) qu'ils fassent pénitence de leur iniquité et vivent (Ezéch. XXIII, 11); toi qui as ressuscité ton ami Lazare, mort depuis quatre jours (Joan. XI, 17-45) et qui as dit : Celui qui croira en moi fera de plus grandes choses (Joan.XIV, 12); toi, par la vertu des miracles de qui, les apôtres ont fait connaître ton nom dans tous les lieux, ont fondé ton Eglise et l'ont bâtie sur le roc inexpugnable de Simon Pierre (Matt. XVI, 18); toi maintenant, Seigneur, regarde ton serviteur, ce petit enfant qui croit en toi (et confesse) que tu es le Dieu de vérité (Joan. XVII,3) par sa pureté et son silence; et regarde avec compassion cette foule qui s'est réunie ici attendant la grâce; ranime cette âme qui a été créée à ton image et à ta ressemblance (Gen. I, 26)et guéris-la |92 de la maladie de son corps, En prononçant sa dernière parole, il fit le signe de la croix sur l'enfant, qui aussitôt se leva guéri de tout mal et de toute infirmité et sans aucune lésion. Le peuple, en grand nombre, connut ce miracle, et un chacun rendit grâces à Dieu qui manifesta sa majesté par ses créatures. Razšah et les gens de sa maison accomplirent ce qu'ils avaient promis, reçurent le baptême et vécurent saintement tout le temps de leur vie. Le Saint de Dieu qui ne pouvait plus retourner à la ville d'Arbèles, par crainte des mages, demeura dans la maison de Razšah, et convertit tous les habitants du village à la vraie religion. Il alla même au pays de Ninive et fit pénétrer le nom du Christ dans plusieurs villages où il n'avait jamais été entendu. Les habitants d'un village, entre autres, nommé Réši, adorant un térébinthe, se convertirent tous et crurent que Jésus, crucifié par les Juifs, était vraiment le Fils de Dieu. D'après les principes reçus dans ce village, personne ne pouvait verser du sang aux environs de cet arbre (16). Or un jour des enfants s'amusaient |93 près de cet arbre maudit, et voilà qu'un serpent noir y monta. Les enfants poussés par l'esprit de Dieu l'y tuèrentà copp de pierres et versèrent le peu de sang qu'il avait. Le soir venu, les habitants du village allèrent prier au même endroit; mais, oh!l'étonnante merveille ! Ils y virent du sang. Ils rétrogradèrent sur le chanp par crainte de leur dieu, et commencèrent à se lamenter. Or le Saint de Dieu se trouvait là, et par la grâce de l'Esprit-Saint, fit le signe de là croix adorable sur l'arbre et celui-ci disparut aussitôt de là; et après plusieurs jours, on le trouva transplanté dans la ville de Dakouk (17). Ces païens lièrent alors le saint et se disposèrent à le brûler vif, car ils croyaient qu'il était, lui, l'auteur du premier et du dernier des maux. Mais à l'heure même où ils s'apprêtaient à mettre le feu au bûcher, l'arbre revint et se fixa à sa place. Alors ces pervers se dirent les uns aux autres : vraiment notre dieu ne veut pas que nous tuions cet homme, parce que à |94 l'heure même où nous nous disposions à le tuer, notre dieu revint. Il parait que, par cette indication, il nous dit de ne pas le tuer. Nous ne pouvons donc contrarier notre dieu qui nous manifeste si clairement sa volonté. Cet homme ressemble à cette fleur qui ayant reçu une bonne pluie, s'épanouit majestueusement, mais le soleil venant la flétrit; et lorsque, après coup, elle reçoit de nouveau la pluie, elle prend plus d'accroissement que jamais. Celui-ci aussi était sec, et notre Dieu voulant le délivrer de nos mains, l'inonda de pluie (18). Laissons-le donc, et donnons-lui la liberté afin que nous n'attirions pas sur nous la terrible vengeance (m. à m. le fort pied) de notre dieu (19).

Le saint de Dieu voyant qu'ils étaient absorbés dansées pensées, commença à leur démontrer la vérité de la foi chrétienne, et plusieurs crurent en elle. Au nombre de ces privilégiés se trouva le chef du village, du nom de Razmardouk. Par le zèle de ce revêtu de Dieu (Noh ?), la graine du magisme fut déracinée de cette localité, et la foi en Jésus-Christ prévalut contre (cette erreur) et se dressa en face d'elle. (Le saint) éloigna (ces gens) des |95 faux dieux qui ont des oreilles et n'entendent pas, une bouche et ne parlent pas, des yeux et ne voient pas. (Ps. CXIV, 12). 

En peu de mois, le bienheureux Noh baptisa tous les habitants, et resta là une année entière; après quoi il se rendit secrètement à Arbèles. Après y avoir travaillé deux ans durant, dans la vigne du Seigneur, et après avoir imposé les mains à plusieurs prêtres (20) et diacres, il s'en alla à son Seigneur, pour recevoir de lui la bonne récompense qu'il avait méritée par ses bonnes œuvres, par ses veillés assidues et par son éclatante vie, pleine de prodiges et de miracles. Il avait gouverné les nombreux chrétiens de notre hyparchie, pendant seize ans. Après sa mort, notre église resta sans pasteur et demeura veuve, à cause de la haine des païens et des mages. Nos frères souffrirent beaucoup en ce temps. Bon nombre d'entre eux qui étaient jeunes et faibles dans leur foi, retournèrent à la religion des démons; car ils voyaient leurs maisons pillées, leurs garçons et leurs filles ou saisis ou (vivant) cachés, et eux-mêmes battus durement par les disciples de l'ennemi du genre humain. |96 

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6e EV. HABEL(183-190) Quatre ans écoulés, les Chrétiens de notre contrée se réunirent, de concert avec les prêtres et les diacres, et choisirent pour la charge de l'épiscopal, Mar Habel qu'ils conduisirent à Hanitha (21), pour que Zkha-išo' évêque de la ville, lui imposât les mains. Avec tout cela, le souvenir du bienheureux Noh ne s'effaça pas de la mémoire des fidèles. Ils lui bâtirent une église qu'ils mirent sous son vocable et dont l'emplacement se voit jusqu'aujourd'hui. Les Chrétiens y vont chaque jour se placer sous son patronage et se recommander à ses prières, eux et leurs maisons (22). Tels sont les héros qui se sont élevés dans notre pays, cher Pinhés, et nous sont devenus un modèle de vertu et un type de sainteté que nous devons sans cesse imiter.

Or Mar Habel était le fils d'un ouvrier charpentier du village de Zaira (23). Lorsqu'il eut grandi, son père le fiti gardien des brebis qui lui appartenaient. Dès son enfance, il se faisait remarquer par ses bonnes mœurs et l'aménité de son caractère, qui jetaient dans l'admiration ceux qui le voyaient. Il était l'un de ces pauvres d'esprit que mentionne l'Evangile sacré et à qui il promet la |97 béatitude : bienheureux les pauvres d'esprit, car à eux appartient le royaume des cieux (Matth. V, 3). Son cœur n'était aucunement attaché aux biens terrestres, et son père comprenait clairement que son fils ne cherchait pas les richesses d'ici-bas, mais bien autre chose. Lorsqu'on parlait (à cet enfant) des choses du monde, il n'y faisait pas attention, et n'avait cure d'augmenter ses possessions terrestres. S'il manquait de quelque chose, il ne s'attristait ni ne murmurait. C'est pour cela que quelquefois il négligeait le soin de ses brebis, laissait le chien seul (veiller) à la garde de son troupeau, et s'en allant, il entrait souvent dans une grotte pour y réfléchir à la vanité et à la fragilité de ce monde. Pour cette raison même son père ne l'aimait point.

Un certain jour Habel perdit deux agnelles dans la montagne, et fut aussitôt chassé de la maison par son père. Le lendemain matin, les deux agnelles revinrent au bercail de leur propre mouvement. Le père se repentit alors d'avoir chassé son fils. Celui-ci s'était dirigé sur Arbèles; or il arriva que par une disposition de la providence divine, il se réfugia dans l'église des Chrétiens. Ceux-ci se mirent à lui donner à manger pour l'amour du Christ, et l'un d'eux lui faisait passer la nuit chez-lui. A peu de jours de là, l'enfant demanda à être baptisé, et deux ans après il devint le diacre de Mar Abraham (ce qu'il resta) pendant six mois. Lorsque le saint de Dieu mourut, le jeune homme s'attacha à tout jamais au bienheureux Noh qu'il aimait comme son père (24). Comme nous l'avons dit |98 plus haut, ce pasteur était doux et humble, et c'est ce qui lui a valu de posséder la terre (Matt. V, 5), c'est-à-dire la terre des cieux. Par sa douceur il sut apaiser le feu des discordes qui avaient lieu entre chrétiens et païens. Il savait subjuguer sa langue, par laquelle nous bénissons le Seigneur et le Père et par laquelle nous maudissons les hommes faits à l'image de Dieu (Jac. III, 9). Nous ne devons pas croire que pour cela il aimât les enfants du siècle et marchât dans leurs voies, parce que les saints (qui) sont parfaits, ont en eux l'Esprit-Saint (qui les empêche) de faire rien de mauvais; ils comprennent clairement que l'amour de ce monde est une inimitié vis-à-vis de Dieu (Jac. IV, 4).

En ce temps Walgaš IV, roi des Parthes, ayant pris des forces , enleva plusieurs pays aux Romains, et se retourna contre les Perses qui s'étaient depuis longtemps préparés à l'attaquer. Walgaš, lui-même, marcha contre eux avec cent vingt mille soldats. On se rencontra dans le pays du Khorassan. Les Parthes ayant traversé une première fois un petit fleuve, se virent cernés de tous |99 côtés par les troupes des Perses et des Mèdes, et après une grande bataille, furent vaincus et se mirent à prendre la fuite. Ils gravirent les montagnes du pays, en débandade, et abandonnèrent tous leurs chevaux aux Perses. Ceux-ci les poursuivirent, et cernant toutes les montagnes, en tuèrent un nombre incalculable. Lorsque les Parthes virent que sans un héroïque courage, ils seraient tous infailliblement tués, ils ranimèrent leur ardeur et se ruant sur les Perses avec une violence sans pareille, les mirent en fuite et frappèrent de panique. Ils les poursuivirent jusqu'à la mer, en jonchant la terre de leurs cadavres, comme de sauterelles. A leur retour, ils rencontrèrent d'autres Perses qui s'étaient séparés de leurs compagnons; une nouvelle bataille s'engagea entre eux, et dura deux jours. La nuit du troisième jour arrivée, les deux camps se reposèrent afin de reprendre le combat le lendemain matin; mais lorsque les Parthes se réveillèrent, ils ne virent plus aucun des Perses. Ceux-ci s'étaient tous enfuis la nuit, pour aller rejoindre leurs compagnons et faire corps avec eux. Les Parthes revinrent alors victorieux et fiers d'eux-mêmes.

En ce temps, cher Pinhés, il y avait des guerres partout et des nouvelles douloureuses en tout pays; et si le Seigneur n'était pas sans cesse avec son Eglise, selon sa promesse, pour en consolider à chaque instant les fondements, elle serait mille fois détruite. A ne considérer que le pays des Romains, depuis le commencement de l'Eglise, les persécutions n'y ont jamais cessé. Nous pouvons apprendre cela de l'histoire d'Eusèbe de Césarée. Celui qui réfléchit, comment, après tant de tourments et d'afflictions de tout genre, l'Eglise n'a pas été détruite, ses |100 canons et sa discipline anéantis et abolis, croira fermement qu'elle est sortie du sein de Dieu le Verbe.

Or le premier qui persécuta les chrétiens fut Néron, le pervers, qui ne se conlenla pas de les tourmenter lui en personne, mais prétendit démontrer qu'ils étaient la cause de tous les crimes qui se commettaient. A l'effet de quoi, il fit incendier une grande partie de la ville de Rome, et répandant le bruit que c'étaient les chrétiens qui l'avaient incendiée, donna ordre de les massacrer sans pitié. Alors ceux qui étaient réfractaires (à la foi) et ne cherchaient qu'une excuse pour exterminer nos frères et fils de l'Eglise et les anéantir, ne négligèrent aucune espèce de tourments qu'ils ne leur infligeassent. Dans cette cruelle persécution, mourut le couple béni des princes des apôtres. Pierre fut crucifié comme son maître; mais pour ne pas lui ressembler en tout, il demanda à être attaché à la croix, les pieds en haut et la tête en bas. Paul eut la tête tranchée; et à l'instant même à l'endroit où (tous deux) furent tués, deux arbres magnifiques et majestueux s'élevèrent, pour perpétuer le souvenir de leur vie, de leur mort, de la honte et de la confusion de leurs persécuteurs. Après Néron, plusieurs autres rois païens surgirent, qui cherchèrent et inventèrent des variétés de tourments dignes de l'enfer, et certainement c'était Satan qui leur inspirait tout et attisait leur courage de toute sa force. Domitien, Marc et Sévère et plusieurs autres ne se lassèrent ni ne se rebutèrent de décapiter les disciples du Christ. Ceux-ci se cachaient partout et, ne se trouvant pas d'asile, s'enfuyaient dans la montagne, et les païens comme des tigres, avides de sang, les y traquaient. S'ils demeuraient dans leurs maisons, ils étaient immolés, comme des agneaux, |101 avec leurs femmes et leurs enfants; et ceux à qui il était, fait grâce, étaient condamnés à travailler sans pitié dans les mines, du malin au soir. Ceux donc que le Christ, Fils de Dieu, avait affranchis et nommés ses amis, étaient devenus des esclaves. Oh! la dure servitude, par laquelle les fils de Dieu, devenaient forcément des esclaves et des serviteurs des adorateurs des idoles. Or Domitien, cet abîme de paresse, de fainéantise et de jeux enfantins, source de tous forfaits, ne se mit en frais, ne se trouva de courage et n'arma ses troupes que pour le massacre et le sang des chrétiens. Comment cette main, qui a écrit la sentence de l'apôtre Jean, ne s'est-elle pas aussitôt contractée et n'a-t-elle pas perdu tout mouvement! Et comment les châtiments que (l'Apôtre) relate dans son Apocalypse contre les pervers et les iniques, ne fondirent-ils pas sur lui et ne renvoyèrent-ils pas au fond du šiol.

Malgré tout cela, croyons, cher Pinhés, que si quelquefois des maux nous environnent, c'est pour notre intérêt qu'ils nous arrivent, et qu'après les afflictions, les joies inonderont nos cœurs. Les Juifs qui, pour adoucir leurs souffrances et leurs peines, disaient : Sur le bord des fleuves de Babylone nous nous assîmes et pleurâmes (CXXXVII, 1). lorsque le temps qu'avait assigné le créateur des mondes toucha à son terme, exaltèrent par des chants de triomphe ut d'actions de grâces leur retour, qui eut lien sous le règne de Cyrus le Perse.

De même pour nous, parce que Narsai, roi de l'Adiabène, n'était pas parti en guerre avec les Parthes, ces loups injustes s'irritèrent, et comme ils s'en revenaient en triomphe du combat, ils entrèrent dans notre pays, détruisirent nos villes, les pillèrent et s'en allèrent chez |102 eux, après avoir noyé le roi Narsai dans le grand Zab. Dans ces massacres et ces ruines, les chrétiens qui se trouvaient dans notre pays, souffrirent beaucoup et élevaient des mains suppliantes vers le Très-Haut, en faisant monter vers son Fils unique, Verbe éternel, des chants de pénitence. Or Habel, le pasteur des agneaux opprimés, commença à tourner dans tous les villages, selon ce que nous avons appris d'hommes dignes de foi, encourageant les frères qui s'y trouvaient à supporter ces tribulations pour l'amour du Christ. Gomme il se trouvait un certain jour au village de Rahta, il tomba atteint par la fièvre.

Après qu'il eut imposé les mains à son diacre 'Ebedh-Mšiha, il mourut la nuit, le treize du mois d'iloul (septembre). Le chagrin qu'en eurent les chrétiens est indicible.

Cinq mois après, une grande foule partit de la ville d'Arbèles, emporta son corps conservé dans toute sa pureté et sa fraîcheur et l'introduisit dans l'église en grande pompe. Le Seigneur prit part à cette cérémonie des chrétiens, et montra par un miracle éclatant, combien il se plaisait à ce qui se faisait pour son serviteur, et comme il l'agréait. Un jeune enfant avait été porté par sa mère à l'église, afin de voir la cérémonie qui se fait pour les serviteurs du Christ. Cet enfant était muet et sa langue était liée; il avait trois ans et ne pouvait pas même prononcer une syllabe. Or sa mère poussée par l'Esprit-Saint, porta son enfant près du cadavre du Saint, dont elle lui apprit à baiser la main droite, qui était étendue; l'enfant la baisa et sur le champ sa langue s'étant déliée et détendue, il commença à parler sans difficulté. Tout le peuple bénit Dieu qui montra sa puissance par le moyen de son saint. |103 

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7e EV. 'EBHDH-MSJHA (190-225) 'Ebedh-Mšiha était d'Arbèles, et avait habité dès son enfance, et pendant longtemps, Antioche puis Damas; c'est là qu'il avait embrassé la vraie foi. Il revint à son pays et se consacra au service de l'église et des prêtres du peuple. Lui, à son tour, à l'instar de ses prédécesseurs, montra un zèle et une application extrême à prêcher l'évangile et à éloigner du peuple chrétien, les troubles et les désordres. Pendant toute la durée de son épiscopat, Dieu donna partout la paix et la sécurité, et à cause de cela les églises se multiplièrent et les couvents s'augmentèrent (25); de toutes les bouches on entendait des paroles de glorification.

En ce temps était renommé, chez les Romains, |104 dans les sciences divines, Clément d'Alexandrie. Il ne se trouva pas un livre quelconque au sujet duquel il n'écrivit un traité. Tu peux voir l'histoire et les écrits de cet homme illustre parmi les écrivains, dans l'histoire ecclésiastique d'Eusèbe de Césarée.

'Ebedh-Mšiha ayant occupé l'épiscopat pendant la longue durée de trente cinq ans, alla rejoindre ses confrères au paradis.

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8e Ev. HIKAN (225-258) Après 'Ebedh-Mšiha, parut le bienheureux Hiran, qui était du pays de Béth-Aramayé. Aux débuts de son épiscopat, il y eut partout la terreur et des guerres. Le soleil s'éclipsa et refusa de nous éclairer de sa lumière : signe du courroux du Seigneur contre le peuple exaspérant. Car de son temps, nombreuses furent les guerres entre Romains et Parthes, et Artaban, roi des derniers, entra dans le pays des Romains et brûla plusieurs villes du Béth-Aramavé. Šahrat, roi d'Arbèles s'était adjoint à lui. Macrin, roi des Romains, entendant cela, vint fondre sur lui avec une terrible armée. La lutte se prolongea entre eux; mais à la fin, les deux princes s'accordèrent à ne verser, ni l'un ni l'autre, le sang humain sans une grande raison; et les deux partis retournèrent; chacun dans son pays (26). |105 

Les Parthes se montraient alors très forts, très puissants et fiers; ils ne respiraient que meurtre, mais Dieu qui a dit par son prophète : si lu t'élèves comme un aigle, et que tu niches au milieu des étoiles, je te ferai descendre de là (Abd. I. 4), les brida et prépara leur chute. Dans les temps anciens, les Perses désiraient détrôner les Parthes, et plusieurs fois ils essayèrent leurs forces à la guerre; mais repousses, ils ne purent tenir tête aux Parthes. Cependant ceux-ci s'étaient affaiblis par le grand nombre de (leurs) guerres et batailles. Les Perses et les Medes comprenant cela, s'unirent a Šahrat, roi de l'Adiabène, à Domitiana, roi de Kerkh-Sloukh , et engagèrent au printemps, une grande lutte avec les Parthes. Ceux-ci furent défaits et leur royaume cessa pour jamais. Dès le commencement ils s'étaient rués sur la Mésopotamie, puis sur le Beth-Aramayé, puis sur le Béth-Zabdai et Arzoun. Dans l'espace d'une année, ils prirent tous ces pays, et toute l'activité des Parthes ne leur servit de rien; car leur jour était arrivé et leur heure avait sonné. A la fin, ils s'enfuirent complètement dans les hautes montagnes, en laissant aux Perses tous leurs pays et toutes leurs richesses gardées dans les Villes (= Séleucie-Ctésiphon).

Le jeune fils d'Artaban, nommé Aršak, fut tué sans pitié par les Perses, à Ctésiphon, où (les vainqueurs) s'installèrent et dont ils firent leur capitale. Le jour qui vit la fin du royaume des Parthes, enfants du brave Aršak, était un mercredi, le vingt septième du mois de Nissan, de l'an |106 cinq cent trente cinq du royaume des Grecs (27). Au commencement du règne des Perses, il y eut la paix pour les chrétiens qui purent se développer et s'étendre.

Toutes ces choses arrivèrent pendant les jours de l'évêque Hiran; mais lui s'endurcissait de plus en plus devant les . tribulations et prenait de plus en plus courage, par la grâce qui fut versée sur nous par Notre Seigneur Jésus-Christ. Sache, cher Pinhés, qu'en cette année de la conquête de tout l'Orient par les Perses, il y avait bon nombre de chrétiens dans tous les pays d'Occident comme d'Orient. Mais en Occident, les persécutions ne cessaient jamais, et tous les jours le sang des chrétiens coulait dans les marchés publics ainsi que dans les rues; là, la paix était absente. Chez nous il n'y avait rien de tout cela; les rois étaient lassés et tiraillés par des guerres de chaque jour, et les cruelles persécutions ne s'étaient pas encore élevées contre nous. C'est pour cela que la nouvelle de; l'Evangile fut à même d'étendre en nous ses pampres jusqu'à la mer, et ses rejetons jusqu'aux fleuves (Ps. LXXX, 12). Elle avait plus de vingt évêques : à Béth-Zabdai, à Karkhade Béth-Slokh, à Kaškar, à Bèth-Laphat, à Hormizd-Ardašir, à Prath-Maišan, à Hanitha, à Herbath-Gelai, à Arzoun, à Béth-Niktor, a Šahr-Kard , à Béth-Meskéné, à Holuan, à Béth-Ketrayé, à Béth-Hezzayé (28), |107 à Béth-Dailoumayé, à Šigar (29), et dans d'autres villes encore. Nisibe (2) et les Villes n'avaient pas encore d'évêques. par crainte des païens. Mais lorsque le royaume des , Arsacides-Parthes expira, les chrétiens (des Villes) demandèrent un évêque pour eux, comme nous le raconterons, en son lieu, avec le secours de Dieu.

En ce temps s'illustrait dans les sciences de tous genres, Origène, docteur admirable et divin, auquel l'Esprit-Saint mettait, dit-on, à la bouche tout ce qu'il devait dire, et Eusèbe raconte de lui que sept notaires écrivaient successivement sous sa main (30). |108 

Lorsque les Perses furent maîtres de l'Orient, les chrétiens craignirent quelque peu qu'on ne les immolât au tranchant du glaive. Car (les Perses) avaient vaincu tous les rois de l'Orient et les avaient remplacés par des gouverneurs et des marzbans qui leur étaient soumis. Ardašir. le premier roi des Perses, députa à notre pays un gouverneur nommé Adorzahad. Mais Dieu qui a sans cesse les yeux sur son Eglise, pour que les flots et les tempêtes ne la submergent pas. lui ménagea un sort heureux. Or le roi Ardašir édicta que de nouveaux pyrées fussent élevés en l'honneur des dieux; que le soleil, le grand dieu de tout l'univers, fût honoré par des adorations spéciales. Lui, le premier, prit le titre de Roi des Rois et de dieu; de sorte qu'à l'injustice il ajouta le blasphème, en voulant revendiquer jusqu'à l'honneur dû aux dieux. (Il contraignit) plusieurs cultes étrangers à entrer et à se fondre dans celui du soleil et du feu. Mais l'évoque Hiran s'appliquait à préserver son peuple de tout mal et des pièges de Satan. Il sacrifiait son âme pour son troupeau comme un vrai pasteur. Grâce à ce zèle, il put faire entrer dans le bercail du Christ plusieurs âmes asservies par l'ancien ennemi, , l'adversaire de l'humanité entière. Après avoir fait fructifier durant plusieurs années son talent spirituel, trente trois ans, comme il me semble, il mourut dans une extrême vieillesse; et voilà qu'on lui prépare la couronne de la victoire que lui donnera le juge équitable. |109 

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9e Ev. ŠAHLOUPHA. (258-273) Après Hiran, parut l'illustre parmi les saints, Šahloupha, le zélé et le très actif dans la crainte de Dieu. Ce père spirituel était aussi de Béth-Aramayé. Dès sa jeunesse, il avait été instruit dans la véritable religion; il commença donc à la faire prévaloir contre ses ennemis visibles et invisibles. En ce temps avait lieu une grande persécution, chez les Romains, contre les disciples du Christ. Maximin le pervers, ne négligeait pas le moindre moyen pour les anéantir et les détruire de la face de la terre. Dans cette persécution, le ciel se remplit d'un grand nombre d'âmes chastes qui suppliaient Je créateur de diminuer ces jours de tristesse et de les changer (en jours), de joie. En Orient, comme nous l'avons dit, toute chose se passait dans la paix, et Šahloupha s'enflammait de plus en plus dans le zèle de l'amour de Dieu; C'est lui qui initia les habitants du village de Tellniaha à la religion de l'adorable Trinité, et cela par un miracle au moyen duquel le Seigneur s'est plu à manifester la vérité de la parole de son serviteur.

Un des grands du village, nommé Nakkiha, était atteint gravement de la maladie de la dysenterie. Comme son mal ne faisait qu'empirer chaque jour, et que dans son village il ne se trouvait personne qui pût l'en guérir, ses parents le portèrent à la ville d'Arbèles. Or saint Šahloupha ayant eu connaissance de la chose, par une inspiration divine, à l'exemple du bienheureux Ananias (31), se rendit chez lui, dans un temps où tous ses parents venus avec lui, étaient réunis, il leur promit de le guérir complètement de sa maladie, s'ils faisaient tout ce qu'il |110 leur demanderait; et il commença à leur expliquer la foi chrétienne par les livres divins et par la rapidité de sa propagation sur toute la terre. Il leur montra que ce Jésus crucifié par les Juifs à Jérusalem, est Dieu, fils de Dieu, qu'il n'a souffert que par sa volonté et afin de nous délivrer de la servitude des démons. Tous acquiesçant à sa proposition et lui promettant que s'il leur prouvait la vérité de sa parole par la guérison de Nakkiha, ils croiraient, se feraient baptiser et entreraient dans le giron de la sainte Eglise, saint Šahloupha se mit à prier et guérit cette maladie incurable par le signe de la croix; car toute chose est facile à Dieu. Un grand nombre d'habitants du village de Tellniaha crurent à la parole de Dieu et reçurent le baptême.

En ce temps Ardašir, roi des Perses, mourut, et Sapor lui succéda (32). Ce dernier était d'un naturel peu endurant. Dès la première année, il eut une guerre avec les Khouarazmiens (33) et les Mèdes de la montagne et les défit dans une bataille meurtrière. De là, il alla assujettir les Géliens (34) les Dailoumiens et les Gourganiens, qui habitent les lointaines montagnes près de la dernière mer (35). |111 Un chacun fut saisi de crainte devant lui. Plusieurs fois il eut à combattre les Romains. Or il y avait dans les troupes de Sapor un chrétien opulent, nommé Ganzkan qui, lorsqu'il vint dans l'Adiabène et vit qu'il y avait dans la contrée et ses villages plusieurs chrétiens, supplia Šahloupha de se rendre à Gtésiphon pour visiter le petit groupe de frères qui avaient commencé à s'y montrer (36). Šahloupha appréhenda d'y aller; mais Ganzkan l'ayant rassuré et tranquillisé, le fort en son Dieu y alla, et prit avec lui Nakkiha, qu'il avait guéri de la maladie de la dysenterie, , avec deux diacres. Mais comme ils étaient en chemin, des Ismaélites les rencontrèrent et les, emmenèrent avec eux; ce n'est que quatre mois après qu'ils purent s'évader. Ils entrèrent alors dans la riche ville de Ctésiphon, réunirent tous les frères qui s'y trouvaient et les encouragèrent. Šahloupha imposa alors les mains à un homme de là et l'ordonna prêtre. Il resta là deux ans, à partir du retour du roi Sapor à Gtésiphon. Plusieurs diacres (d'Arbèles) allèrent alors le chercher et le ramenèrent derechef à Arbèles avec grande pompe. |112 Les chrétiens dé Séleucie et de Ctésiphon l'accompagnèrent de leurs larmes, et la tristesse remplit leur cœur. Ils ressemblaient aux apôtres regardant Notre Seigneur monter au ciel. A son arrivée dans son pays, il arrangea plusieurs affaires, et imposa les mains à plusieurs diacres et prêtres. Comme nous l'avons appris d'hommes dignes de foi, Šoubha-lišo', évêque de Béth Zabdai, vint aussi le voir, et ils demeurèrent ensemble dans une grande intimité pendant une année. Les deux se rendirent à Herbath-Gelal (37) et à Rassonin (38) où ils imposèrent les mains à un évoque. De la ils se transportèrent à Šahr-Kard (39), où ils virent plusieurs chrétiens qui s'y étaient rassemblés d'autres endroits; ils leur ordonnèrent aussi un prêtre, car leur évêque était mort depuis peu de temps. Ensuite les deux revinrent à Arbèles où ils se séparèrent. Šoubha-lišo' alla alors dans son pays, en admirant le grand nombre des chrétiens et le bon ordre dans lequel marchaient les églises. Il |113 commença à imiter cet ordre en glorifiant Dieu de la grandeur de l'hyparchie de l'Adiabène et de ses canons ecclésiastiques et apostoliques.

Quelques années après, lorsque l'ouvrier infatigable de son Dieu, Šahloupha, se fut consumé et eut livré son âme pour le Christ, son Sauveur, il mourut à ce monde d'angoisses pour le monde des joies. Il fut enterré dans la petite église construite sous le vocable de Noh (40), lequel l'avait précédé dans cette sublime fonction du gouvernement des brebis du Christ. Or il avait régi le siégé auguste de l'Adiabene quinze ans durant.

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10 EV. AHADABUHI (273-291) Après lui, s'éleva Abadabuhi, homme laborieux et zélé, fils d'un prêtre (païen) de la ville d'Arbèles. Celui-ci avait, dit-on, quatre enfants, et les quatre étaient prêtres. Leur mère était de la race des mages, et eut un commerce charnel avec celui de ses fils qui précédait Ahadabuhi (41). Ce dernier (né de cette union) fut nommé, pour cela, Ahadabuhi, c'est-à-dire le frère de son frère qui eut commerce avec sa mère. Il était mage dans son enfance, et était allé à Ctésiphon pour la guerre contre les Romains. De là il était revenu dans son pays et s'était converti à la foi chrétienne. Il fut le compagnon de l'évêque Hiran, jusqu'au jour de son ordination (42). Il évangélisa à son tour plusieurs païens. |114 

En son temps, Goufrašnasp, satrape de l'Adiabène, se révolta contre Warharan III, roi des Perses (43). Il se bâtit dans la montagne une hante citadelle qui devait le garantir de l'impetuosité des ennemis. Il y emmena avec lui plusieurs hommes, habiles archers au nombre de cinq cent soixante, selon la tradition qui s'est transmise d'année en année. Ceux-ci sortaient chaque jour, au nombre de cinquante ou soixante, volaient et pillaient dans les chemins tout ce qu'ils trouvaient. Les voyages de ville en ville et de village en village cessèrent à raison de leurs razzias. Plusieurs des habitants de l'Adiabène quittèrent leur foyer et s'en allèrent dans d'autres pays, et de riches villages devinrent déserts. Les gens ne pouvaient même  ensemencer, car les laboureurs, par crainte des voleurs, ne sortaient même pas de leurs maisons. Des riches sans nombre allèrent d'un commun accord aux Villes afin d'exposer l'affaire à Warharan, le Roi des Rois. Il écouta leur . requête et envoya de nombreuses troupes qui vinrent pour détruire et raser la tour de Goufrašnasp. Mais ils ne purent l'approcher, même de loin, à cause des nombreuses flèches que lançaient contre eux, avec une grande habileté, les soldats de Goufrašnasp. Après s'être fatigués là deux mois durant sans rien pouvoir faire, ils en informerent Warharan, qui envoya d'autres troupes innombrables, avec un général habile et expérimenté nommé Zarhasp. Celui-ci non plus ne put prendre la tour, car elle était très haute et les soldats qui l'occupaient étaient très courageux et d'habiles archers, qui ne laissaient point approcher (l'ennemi) même de loin. Zarhasp usa |115 alors de ruse et imagina malicieusement d'amener Goufrašnasp dans un guet-apens. Il lui envoya donc son fils avec des présents riches et précieux, en lui faisant dire que "le Roi des Rois, depuis qu'il a entendu parler du courage que lu as montré, recherche ton amitié et veut te faire gouverneur général de tout le royaume. J'ai donc à te parler seul à seul, de manière qu'il n'y ait aucun soldat avec nous. Cesse donc de combattre et viens seul dans un endroit où nous conférerons ensemble." Goufrašnasp (44) crut au général; lui aussi souhaitait et brûlait de faire la paix, car la lutte s'était prolongée et il en était las avec ses soldats. Il sortit dans un endroit éloigné de la tour et invita Zarbasp à venir le trouver pour entrer en pourparler (avec lui). Or Zarhasp ordonna à plusieurs braves soldats de se mettre en embuscade non loin d'eux, et dès qu'ils les verraient tons deux assis et conversant, de fondre sur eux pour se saisir de Goufrasnasp. Goufrašnasp ayant été saisi, grâce a cette ruse, on détruisit sa tour et on l'emmena, lui, aux Villes, auprès du Roi des Rois, Warharan. Celui-ci se réjouit beaucoup de ce que Zarbasp avait fait et ordonna qu'on |116 arrachât la peau à Goufrašnasp et qu'on la suspendit dans son palais royal (de Ctésiphon), afin que tous ceux qui la verraient fussent terrifiés et apprissent de quelle manière terrible le Roi des Rois lire vengeance et justice de celui qui lui est insoumis (45).

Le brave Ahadabuhi voyant toute cette dureté et sauvagerie ne laissa pas son âme s'abattre ni perdre courage. Il commença à tourner dans sa grande hyparchie, en distribuant de bons conseils, en réprimandant et en menaçant en toute longanimité et charité, comme il sied aux disciples du Christ. Un jour des messagers envoyés par les chrétiens de Ctésiphon vinrent le trouver et le prièrent de venir, lui aussi, chez eux, à l'instar de Šahloupha qui l'avait précédé (46), pour les instruire et leur apprendre le vrai chemin des bonnes mœurs, les encourager et consoler quelque peu. Ils avaient en outre élu cinq hommes fidèles et craignant Dieu, pour qu'il leur imposât les mains. Semblable au commerçant actif et diligent, qui sans cesse se soucie d'augmenter sa fortune, il acquiesça à leur demande et imposa les mains à ces hommes. De plus, il accompagna les envoyés dans les Villes (47) avec Zkha-išo', évêque de Herbath-Gelal (48) et Sabtha, évêque |117 de Beth Zabdai (49). Ils y demeurèrent pendant une année, selon ce que rapporte la tradition, y redressant cequi n'était pas droit.

Un jour, Sabtha se leva au milieu de la foule, pour prêcher et démontrer au peuple qu'il ne devait pas craindre celui qui peut faire périr seulement le corps, mais bien celui qui peut jeter et l'âme et le corps dans laGéhenne de feu (Matt. X, 8). Il parla sur ce sujet très durement, et montra que la victoire de Notre Seigneur est vraiment une victoire, tandis que la victoire des rois de la terre n'est qu'orgueil, prétention, maux, tourments, souffrances et mort. Orgueil : parce que, quand les rois triomphent, ils ne triomphent que selon le corps, et c'est à cause de cela (50) qu'ils deviennent hautains et ailiers outre mesure. Ils oublient leur nature mortelle et se croient des dieux; en cela ils ajoutent infiniment à leurs péchés, et leur récompense sera le feu qui ne s'éteindra jamais. Maux : parce qu'au temps même de leur victoire, qui peut narrer les fatigues qu'ils endurent. Avant que le combat ait lieu, ils ne cessent de se préoccuper de. l'issue. de la bataille : vaincront-ils? ou seront-ils vaincus? En cela ils se tourmentent jour et nuit; et combien de nuits passées dans l'insomnie! Mort : parce qu'infailliblement il y aura des morts dans les deux camps, et cela cause des souffrances aux parents et aux proches, fait verser les larmes des yeux des mères dont les enfants ont été coupés en deux par le tranchant du glaive, et dont les fils tendrement aimés ont été transpercés au côté, par le fer des lancés. La victoire du Christ (au contraire) fut une cause de joie pour tout homme, même pour ses ennemis, païens |118  et juifs. Comme (Sabtha) était encore au milieu de son discours, un des païens qui se trouvaient Jà, se leva et rapporta à un ministre du roi que le peuple chrétien enseigne que le Roi des Rois sera torturé et tourmenté par le feu, et que sa victoire n'est pas une victoire mais une révolte et une exaction. Les chrétiens apprenant cette nouvelle, en furent grandement attristés et se cachèrent dans leurs maisons; d'aucuns s'enfuirent au désert. L'évêque Sabtha se leva la même nuit et marcha devant lui, sans savoir au juste où il allait. Par crainte il ne put pas se montrer, redoutant d'être saisi et châtié. Il demeura dans cet état pendant deux ans. Les chrétiens firent des présents à un ministre nommé Radgan et le supplièrent d'éloigner d'eux la colère du roi, que des hommes menteurs et séditieux avaient injustement excitée contre eux. Dieu disposa le cœur de Radgan de façon qu'il arrangea cette affaire et apaisa ce grand courroux. Ainsi, grâce à Dieu, Seigneur de toutes choses, la sécurité revint dans la tempête et la paix dans la persécution, et par le moyen du frottement du fer contre le fer (51), la raison pour laquelle plusieurs frères auraient été tués, fut réduite à néant. Le temps des persécutions n'était en effet pas encore arrivé. Ahadabuhi, durant tout ce temps de trouble et de terreur, ne quitta pas son poste et ne cessait de rassurer les fidèles en leur faisant mettre leur confiance . dans le Dieu vivant, leur sauveur. Je ne crois pas que quelqu'un puisse nier que cette paix ne fût due uniquement à ses prières. Qui pouvait, sans l'admirer, le regarder à genoux priant avec un cœur contrit! Or Dieu ne méprise pas le cœur contrit (Ps. LI,19). |119 

Les habitants de Ctésiphon lui demandèrent avec instance d'imposer les mains à un évêque qui restât toujours au milieu d'eux. Il y a ici bon nombre de chrétiens, lui dirent-ils, et les Seigneurs les évêques, sont loin de nous et incapables de se transporter toujours auprès de nous pour pourvoir à nos besoins et nous guider dans les voies de la justice, spirituellement et corporellement. Il agréa avec joie leur demande, et en informa Hai-be'ël, évêque de Suse (52). Les deux élurent d'un commun accord l'araméen Papa, homme très savant et sage, puis chacun s'en retourna dans son pays, admirant l'efficace de la grâce de Dieu et de sa Providence sur son Eglise sur laquelle (le Seigneur) ne cesse de fixer ses yeux (53); car elle lui est fiancée par le sang qui a coulé de son côté sur le bois |120 de là croix. Lorsque Ahadabuhi arriva à Arbèlés, tous les chrétiens, plusieurs mages et païens allèrent à sa rencontre et lui firent faire une entrée pompeuse, à cause de l'intégrité de ses mœurs, de la douceur de son langage et de l'aménité de son caractère. Or, après plusieurs travaux heureux, il remit son âme en la main de Dieu. son créateur, après un épiscopat de dix huit années.

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11e EV. ŠRI'A (291-317) Après Ahadabuhi, s'éleva dans le gouvernement du peuple du Seigneur, l'ouvrier zélé elle prêtre véridique, Šri'a. Il était d'Arbèles et issu de parents chrétiens, aimant le Christ. Il fréquentait dès son enfance l'église et était épris du service divin. Il livra, lui à son tour, un grand combat contre les disciples de Satan. En son temps eut lieu la grande victoire en faveur de l'Eglise de Dieu, ô Pinhés, ô amant de Dieu! Après trois cents ans environ, pendant lesquels elle était persécutée, bouleversée et sapée jusque dans ses fondements, elle eut la paix et la victoire sur tous ses ennemis par le moyen de Constantin, le roi victorieux.

Un peu avant son temps (de Constantin), Dioclétien, roi inique, avait voulu effacer le nom du christianisme de dessus la terre, chose après laquelle il soupirait jour et nuit. Il donna donc ordre que les églises fussent détruites et tous les fidèles tués sans merci. De quelle terreur et de quel tremblement fut saisi le monde entier, lorsque cet ordre impitoyable fut édicté! Les païens ne suffirent pas à égorger les chrétiens un à un mais ils les faisaient mourir en masse ou les brûlaient, sans même les faire passer devant les juges. On vit quelquefois le père devenir le bourreau de son enfant et le frère celui de son frère. Le rempart |121 (haie) de la compassion naturelle était renverse. Pendant que les rois romains ne se livraient qu'à de pareils forfaits et qu'une telle passion de tuer les dévorait, ils étaient incapables de gouverner le peuple. Hormizd (54), roi des Perses, ayant eu connaissance de cela, prit une grande armée et saccagea plusieurs villes des Romains. Dieu, à la vue de tous ces sacrilèges, se leva et tous ses ennemis se dissipèrent et ceux qui le haïssaient s'enfuirent de devant lui, s'évanouissant comme la fumée et fondant comme la cire (Ps. LXVIII, 1, 2). Il les livra à des supplices sans miséricorde et fit régner sur eux son serviteur Constantin à qui il montra le signe de la croix sur les nuées lumineuses, portant écrit: par ce signe tu vaincras. Il prit cet emblème de la croix et en donna à tous ses soldats. Par lui il mit en fuite, comme des mouches, les soldats des démons rebelles, et la croix qui était le signe de la honte, devint pour tous un signe de victoire: aux riches et aux pauvres, aux nobles et aux roturiers, aux savants et aux ignorants.

En Orient, comme Papa, évêque des Villes, que nous avons nommé, habitait la capitale du royaume, les autres évêques avaient besoin de lui pour des affaires extérieures. Il prétendit donc à la suprématie sur tous les évoques, comme si ceux-ci devaient n'avoir qu'un seul chef. Les prêtres des Villes et tout Je peuple lui firent opposition en cela, et à ce sujet songèrent à le déposer; même Simon son archidiacre réprouva toutes ces nouveautés, et en donna avis à Miles de Suse, à 'Keb-Alaha de Karkha de Beth-Slokh (55) et à plusieurs autres. Papa eut alors grand'peur, |122 parce que les parents de Simon approchaient le roi de très près et étaient estimés de tous. Il écrivit alors aux évêques d'Occident, surtout à l'évêque d'Edesse, nommé Sa'da. Tous l'agréèrent, parce qu'ils étaient d'avis que c'était un homme redoutable, qu'il y avait lieu de craindre. Ils lui promirent de le soutenir près du Roi des Rois, Constantin. Ils avaient compris que ce serait une bonne chose, si l'évêque de la capitale avait la supériorité sur tous les évêques de l'Orient. Ils lui écrivirent (à Papa?) donc une lettre à ce sujet en leur nom et au nom des rois et des grands de l'Occident (56), disant que, de même qu'en |123 Occident c'est-à-dire sous l'empire des Romains, il y avait plusieurs patriarches, ceux d'Antioche, de Rome, d'Alexandrie et de Constantinople , ainsi fallait-il qu'en Orient c'est-à-dire sous l'empire des Perses, il y eût au moins un patriarche.

Dieu qui, à l'occasion de la faute d'Adam, ordonna que Je Sauveur, qui est son fils unique, vînt au monde; qui fit recouvrer aux Israélites leur liberté par le moyen des plaies de l'Egypte; qui fait sortir des fruits des épines et épanouir des fleurs sur les ronces; qui peut toujours du mal tirer le bien, permit dans sa Providence divine et dans son gouvernement adorable que l'idée de Papa réussît. Celui-ci fut ainsi donné à son insu (57), comme supérieur général de tous les évêques et de tous les chrétiens de la terre de l'Orient. Tous les évêques (orientaux) consentirent à ce qui avait été décidé par l'Occident; par crainte que les évêques occidentaux ne les missent entre deux forts ennemis : en Occident, les rois chrétiens de Rome, et en Orient, les rois pervers de la Perse. Simon, l'archidiacre de Papa, n'accepta pas cette innovation, mais il chercha à l'anéantir au nom du roi, par le moyen de ses parents. Mais Papa usa de ruse et contenta le père de Simon, en lui promettant, qu'après sa mort, il le désignerait comme son successeur.

En ce temps était connu dans la ville des frontières (58) l'homme craignant Dieu, Jacques, qui fit des |124 miracles comme les apôtres et des prodiges comme les prophètes. Il passait souvent la nuit toute entière en prière, comme son Seigneur. Ses veilles, ses jeûnes étaient connus en tous lieux; et parce qu'il était un homme vraiment divin , nous parlerons de lui dans la suite. Notre Šri'a. qui, à son tour, brûlait du zèle de l'amour de Dieu, alla plusieurs fois le trouver pour être béni par lui et s'entretenir ensemble. Après de longues fatigues et des labeurs sans nombre, (Šri'a) mourut un vendredi d'été l'an six cent vingt sept des grecs et fut enterré avec grande pompe dans l'église.

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12e EV. IOHANNAN (317-346) A près Šri'a s'éleva le pasteur vigilant et zélé, Iohannan, qui fut nommé «fils de Marie» parce qu'il aimait grandement la bienheureuse |125 Marie, mère du vivificateur et rénovateur des mondes. Il prêcha, lui aussi, l'Evangile à un grand nombre de païens et de Juifs. C'est pourquoi (ces deux nations) l'exécrèrent d'une haine mortelle (Ps. XXV, 19). Par leurs menées, il fut expulsé d'Arbèles et des soldats furent envoyas à sa suite pour le tuer; mais lui se cacha et échappa à leurs pièges. Il erra longtemps dans les villages et dans la montagne. Son amour pour Dieu s'accroissait de plus en plus et allait en progressant. Il put faire entrer plusieurs agneaux dans le bercail du Christ.

En ce temps, pendant que des rois chrétiens gouvernaient le monde et que les affaires de l'Eglise prospéraient, l'enfer éleva sa corne, ouvrit sa bouche infecte et vomit des paroles contraires à la foi orthodoxe. Il (l'enfer) se trouva un artisan de mensonge pour répandre sa doctrine, l'entreprenant, méchant et inique Arius. Sans souci de son honneur (Ps. XLIX, 21) il crut qu'il était superflu de dire que le fils du Dieu créateur fût descendu (du ciel) pour notre salut. Il nia donc la divinité du Christ et prétendit follement que le Christ n'est pas créateur, mais créature; qu'il n'est pas fils de Dieu par nature, mais de nom seulement. il y eut à cause de lui une grande rumeur sur toute la terre et les évêques se réunirent pour le réfuter, dans la ville de Nicée, au nombre de trois cent dix huit (59) et en présence du roi Constantin, d'heureuse |126 mémoire. Ces pères anathématisèrent Arius et tous ceux qui adhéreraient à ses opinions. Ils définirent que le Christ, le Fils, est de même nature que son Père et lui est consubstantiel.

En ce même temps Sapor II, roi des Perses, partit dans les hautes montagnes pour faire main basse sur des montagnards, voisins de la mer, lesquels dans une irruption avaient détruit plusieurs villages. Il avait dans la pensée de saccager plusieurs villes aux Romains: ce qui eut lieu comme nous le verrons dans la suite. Chacun pouvait penser que le temps était proche où les églises seraient détruites et les sanctuaires profanés. Dieu à qui toute chose est connue avant qu'elle n'arrive, vit et se tut et nous livra aux transports de son courroux. Lorsque le roi Sapor II, qui régna à peu près soixante-dix ans, depuis l'an six cent vingt des grecs jusqu'à l'an six cent quatre-vingt-dix (60), vit que Constantin, le roi victorieux, qui avait rempli la terre de sa terreur, était mort, et qu'à sa place s'était élevé Constance, son fils, pour la partie orientale des pays des Romains, il crut que le temps était venu où il pourrait, sans obstacle, s'emparer des terres des chrétiens. Il alla donc assiéger Nisibe, ville des frontières. Il ne savait pas que cette ville n'était gardée et |127 protégée, comme une fleur parmi les épines, que par le bras du Seigneur des armées, le Roi des Rois. Mais Dieu qui, par Judith, femme faible, brisa et réprima l'orgueil et les soldats d'Eliphana; qui à la prière Esther, femme chétive, fit suspendre sur le bois Haman le pervers; qui par Samson tua des milliers de Philistins; ce Dieu éloigna aussi, en cette circonstance, le roi Sapor de la ville, grâce aux prières de l'évêque chaste et d'illustre mémoire, le victorieux Jacques (61).

Quand ce père des tribus eut compris que ses enfants allaient être dispersés partout et devenir la risée des démons impurs, il se mit à la brèche devant eux, comme Moïse, l'élu du Seigneur (Psal. CVI, 23). Il sortit sur les remparts de la ville et se mit à supplier le Seigneur de le faire mourir ou bien de délivrer son peuple . de la main des paiens et de la mort violente. Le Seigneur l'exauça, et voilà qu'une armée d'insectes, se montrant dans le ciel, vint s'abattre sur l'armée de Sapor. Ces insectes entrant dans les nasaux des chevaux, les tourmentèrent et obscurcirent la vue des hommes, qui n'eurent que le temps de s'enfuir. Ils craignirent qu'au milieu de cet aveuglement, l'armée romaine ne vînt les attaquer à l'improviste et les massacrer dans ce désordre. Des gens allèrent informer Constance de ce qui avait eu lieu; il glorifia et remercia Dieu de la grâce qu'il avait versée sur son serviteur Jacques. Le roi (Sapor) s'en retourna alors |128 avec, des menaces, et jura de déraciner la religion des Romains de ses terres.

Jean, évoque de notre pays, n'était pas en ce moment avec son troupeau, mais depuis l'an six cent quarante des grecs, il était descendu aux Villes avec d'autres évêques, afin d'élire un homme fidèle et sage à la dignité patriarcale (62). Car le siège de Séleucie était dépourvu de patriarche depuis la mort douloureuse, de Mar Papa, dont nous avons parlé depuis peu (63). On dit qu'il resta aux Villes deux ans, après lesquels il alla au Beth Houzayé pour les affaires de l'Eglise. Il était là, lorsque émana l'ordre impitoyable, intimant à tous les marzbans des pays, de tuer les chrétiens sans merci et de détruire leurs églises. Le six du mois de Nissan (64), |129 dans le temps où le roi se trouvait au Béth Houzayé, en l'an trente-et-unième de ce (prince) sacrilège (65), qui ne sut ce que c'est que la compassion, l'épée commença à se repaître sans pitié, et quiconque osait dire qu'il était chrétien, était massacré.

Jean, évoque d'Arbèles, quitta alors le Béth Houzayé et vint au milieu de son troupeau, pour paître les agneaux et les brebis dont le soin lui incombait. Mais son cœur se remplit de joie quand il vit que l'épée qui devait immoler les chrétiens de notre pays, était encore dans son fourreau. Car Paghrasp, marzban du pays, s'était accordé avec les grands de la ville, pour ne tuer les chrétiens qu'au mois d'iloul, temps des vendanges et des approvisionnements. On dit que le roi s'était repenti d'avoir donné cet ordre cruel de la persécution, et qu'il voulait le rapporter; mais les Juifs et les Manichéens, ennemis du nom chrétien, travaillèrent les mages pour les empêcher de laisser le roi suivre cette idée. Ils leur montrèrent que les chrétiens étaient tous des espions des Romains, et que rien n'arrivait dans le royaume qu'ils n'écrivissent à leurs frères de là-bas (66); qu'ils étaient tous riches et menant une vie tranquille; tandis que le Roi des Rois était en butte aux tourments d'une vie agitée par les guerres et les combats, eux (les chrétiens) étant exempts de la |130 guerre et jouissant toujours de la paix. Les mages changèrent l'esprit du roi par leur calomnie et il ordonna que les chrétiens payassent une capitation double, avec confirmation de son premier ordre de les tuer.

Alors nous fûmes la risée des païens et des infidèles. Les Juifs nous raillaient disant: où est voire Dieu? qu'il se lève maintenant, votre Christ crucifié dans l'opprobre sur le Golgotha, qu'il vous secoure et fasse mourir vos persécuteurs (67). Ne vous a-t-il pas dit:je suis avec vous jusqu'à la fin des temps? Les Manichéens nous conspuaient, plus que les Juifs et nous considéraient comme la lie du peuple. Le berger a été frappé et le troupeau s'est dispersé. C'était le temps des ténèbres, et la lumière fut bannie. C'était le temps où une créature passible et finie était imposée à l'adoration, à la place du créateur. Car le soleil que Dieu a créé pour le service des hommes, des sacrifices et des offrandes lui étaient offerts par les hommes. Le feu qui a été créé pour les nécessités des fils d'Adam, les fils de la lumière étaient sommés de lui bâtir des sanctuaires. Car on construisait des pyrées aux dénions, pour faire entrer les églises du roi céleste dans le (sombre) four de l'oubli. Oh! blasphème! Oh! rébellion et révolte des hommes!

De la même manière que l'homme qui veut anéantir un arbre, en détruit tout d'abord la semence, puis en arrache et projette les racines, ainsi les mages païens se proposaient de détruire les pasteurs et les chefs. Aussitôt donc Mar Simon Bar Sabba'é qui occupait le siège de l'Orient fat saisi, avec plusieurs prêtres et diacres, et conduit près du roi à Karkha de Lédan. Comme après |131 plusieurs interrogatoires, le fort de Dieu et son grand pasteur ne fut pas intimidé par les menaces du roi et n'adora pas le soleil, qui est une créature, Sapor livra aux souffrances ses compagnons, au nombre de cent deux. Pour lui, on lui trancha la télé, après tous ces athlètes du Christ qu'il fortifiait et encourageait dens cette lutte de courte durée. Ceci arriva le vendredi de la grande Passion. Depuis ce jour et jusqu'au dimanche après pâques (68), le glaive ne se reposa dans tout l'Orient. De tous les horisons du ciel, on conduisait à la boucherie des chrétiens en niasse, comme des troupeaux de moutons, et cela sans compter ceux qu'on tuait sur place.

Dans notre pays d'Adiabène, grâce à la vigilance du miséricordieux marzban, Paghrasp, on ne sacrifia, dit-on, qu'un très petit nombre (de victimes) dont les noms nous sont inconnus. L'année d'après (69), le marzban Paghrasp étant mort, on nomma à sa place Pirouz-Tamšabour, et le sang des chrétiens commença à couler dans notre contrée sans relâche. Il arrosa la terre que remplissaient d'iniquité et de perversité ses habitants, les faux disciples de Satan le maudit; il la purifia de toute scorie et souillure par le déluge d'un sang chaste et innocent, afin qu'elle devînt réellement une épouse belle et agréable, à l'époux spirituel, qui s'est fiancé à elle en sa croix, sa honte et son opprobre sur le Golgotha, dans des tourments et des souffrances indicibles. Il a dit à tous ses disciples et, après eux, à leurs successeurs et à tous les enfants de l'Eglise : vous serez heureux, lorsqu'à cause de moi, on vous dira des injures, qu'on vous persécutera et qu'on dira faussement |132 de vous toute sorte de mal; réjouissez-vous alors et tressaillez de joie, parce que votre récompense sera grande dans les cieux, car on a ainsi persécuté les prophètes qui vous ont précédés (Matth. V, 11-12).

Il m'est difficile, cher Pinhés, de t'énumérer, un à un, les noms des chrétiens qui ont succombé sur toute la terre d'Orient. Car il est impossible de compter et supputer les chastes agneaux, , qui par le couteau des bouchers, ont été offerts à Dieu, comme des sacrifices vivants et dignes du royaume céleste. Je te rappellerai seulement ceux qui ont arrosé la terre de notre ville et de notre pays, car c'est là ta demande, afin, que par cela lu saches quels hommes vraiment divins t'ont précédé, et comment tu peux, sans difficulté, marcher sur leurs traces. Ils nous furent des généraux et des guides dans le chemin de la perfection, qu'ils ont suivi tous avec douceur (70). 

Or l'an trente-cinquième du roi Sapor, sur l'ordre de Pirouz-Tamšabour, fut saisi l'évêque Jean (71), avec |133 Jacques, son prêtre. Ce marzban, étranger à tout sentiment de compassion, les mit tout d'abord dans la tour de Bdigar; ils restèrent là, dans cette tour, durant une année. Les païens leur y firent subir des tourments innombrables que ces vaillants athlètes du Christ supportèrent avec une patience au dessus de tout éloge. Ils étaient joyeux et contents d'avoir souffert quelque chose pour l'amour du Christ. Le même jour, des hommes, des femmes et des religieuses de tout âge furent massacrés en masse. De leur nombre étaient le prêtre Narsai; ainsi que Hannania et Rhima, diacres de l'église (72). Comme ni interrogatoire, ni insinuation quelconque ne servirent de rien à Satan, pour abattre leur admirable courage, ils furent conduits hors de la ville et crucifiés comme leur vivificateur et leur Seigneur. Leurs corps furent dérobés, cette même nuit, par les chrétiens, et voilà que leurs ossements sont une source qui fait jaillir la grâce divine en faveur de tous les fils pécheurs d'Adam , qui ont recours à eux. A partir de ce jour, jusqu'à la fin de l'année, l'épée s'enivra de notre sang sans se désaltérer, et les mages se firent les bouchers de notre pays sans pouvoir s'engraisser; comme des chiens enragés, ils léchaient tous les jours les caillots de notre sang qui empourprait les rues et les places publiques de la ville comme des marais, et ils étaient frappés de plus en plus de démence et de rage. |134 

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13e EV. ABRAHAM (346-347) Les chrétiens se réunirent alors et choisirent clandestinement Mar Abraham, pour gouverner l'Eglise de Dieu, dans le temps où Jean, le soldat du Seigneur, serait en prison. Les mages s'en allèrent également à maintes reprises chez lui (Abraham), pour se saisir de lui, car ils avaient appris que les chrétiens s'étaient choisi un nouveau chef; et cela leur avait déplu. Mais le Saint se cacha, un mois durant, dans la maison d'un des fidèles, et échappa aux dents avides de sang des loups rapaces. En ces jours, pendant que le roi se trouvait à Béth Laphat, il envoya un messager à Pirouz-Tamšabour, le marzban, pour lui dire de se rendre chez lui, au plus vite. Celui-ci, pour se montrer obéissant et docile à l'ordre du Roi des Rois, gagner ses grâces et éloigner de lui sa colère menaçante, emmena avec lui Jean et Jacques, son prêtre. Ces derniers, arrivés à Beth Laphat, furent sommés de croire au dieu soleil; et ayant refusé de détester la cause pour l'effet et d'échanger le créateur contre la créature, le roi leur fit trancher la tête avec le glaive, le premier de Tešri dernier (novembre). Que leur souvenir soit en bénédiction et que nous soyons assistés de leurs prières. Pirouz-Tamšabour, croyant avoir satisfait en cela au bon plaisir du roi, fut dealitué de sa charge, laquelle fut donnée par le roi à un autre nommé Adorparéh, autrefois général. Car on recrutait de notre pays un grand nombre de soldats, et on se proposait de faire une grande guerre contre les Romains (73), afin que les chrétiens fussent en une fois |135 privés de royaume et, de sacerdoce. Ce marzban était plus violent que le précédent. Il avait grincé des dénts à l'encontre du sang et s'était engagé par serment au massacre. Lorsque Abraham apprit que ce lion dévorant était venu en son pays, il s'enfuit aussitôt au village de Telniaha, dans l'espoir de pouvoir peut-être se sauver et de ne pas devenir inutilement la proie, du lion destructeur. Le marzban envoya contre lui plusieurs hommes. (Homme on le sommait sans pitié à force de coups, à renier le Christ, son Seigneur, el, que lui ne faisait que se moquer de leurs menaces et de leurs coups, il fut décapité dans ce village où il s'était enfui, le cinq du mois de Sebat (février).

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14e Ev. KARAN-ZKHA (317-376) Les chrétiens se réunirent de nouveau et élurent secrètement le prêtre Maran-zkha. C'étaient là les années de la perdition et de la tribulalion; ceux qui dans les temps anciens, et alors qu'il n'y avait que peu de chrétiens, ne se réunissaient que chaque vingt ou Irenie ans une fois, pour se choisir un pasteur, maintenant une année ne se passait pas sans que leur pasteur ne devînt la proie des loups. C'était là manifestement l'effusion sur nous, de la colère du Seigneur, qui avait résolu de châtier nos crimes et nos sacrilèges cf. de tirer vengeance de nous, parce que nous avions profané, par noire rébellion, le sang de son Fils unique Jésus-Christ. Il nous a réprimandés dans sa colère et lancés dans son courroux, et notre âme a été grandement bouleversée (Psal. VI, 4).

Maran-zkha se leva alors comme un pasteur vigilant, et les encouragea (les fidèles), par l'espoir de la fin prochaine de la persécution. Il raviva leur foi qui avait |136 commence à défaillir devant le tranchant de l'épée, Il excita leur courage endormi qui était sur le point de chanceler et de s'évanouir complètement. Qui peut, cher Pinhés, compter tous ceux qui sont morts dans notre pays! Des maisons entières furent totalement anéanties, et pour d'autres sans nombre, voilà que leur postérité verse des larmes jusqu'à nos jours sur leur perte. Le glaive resta suspendu à leur cou jusqu'à l'an six cent soixante deux.

En cette même année (74), le roi Sapor réunit toutes ses troupes et alla assiéger des villes romaines. On tua beaucoup de monde et détruisit plusieurs villages. Ne pouvant prendre Nisibe, (Sapor) fit poster, devant celle ville et dans toute la Mésopotamie, un grand nombre de troupes et retourna dans son pays, afin que lui aussi défendit ses villes contre les peuples barbares qui étaient venus contre lui d'au delà de la dernière mer.

Il y avait alors dans la ville un prêtre de la déesse Šarbel, nommé Itilaha, qui souffrait d'un flux de sang, comme les femmes (75). Un jour pendant qu'il criait dans le temple de la déesse, pressé par la souffrance, un chrétien passa et entendit sa voix. Il crut qu'un homme s'y mourait et demanda à Itilaha ce qui le tourmentait et le gênait. Quand il eut appris ce qu'il avait, il lui dit: va-t-en chez un homme de la religion des chrétiens, nommé Maran-zkha, lequel te guérira par la vertu de Dieu. Il se leva alors pour se rendre chez lui. et comme il était encore loin de l'église, son hémorragie s'arrêta et il fut guéri. Il s'approcha et entra chez l'évêque et chez les disciples du Christ réunis. Ceux-ci eurent grand'peur, parce qu'ils |137 savaient qu'il était le prêtre de la déesse Šarbel. Après qu'il les eut rassurés et tranquillisés par son langage, il leur raconta tout ce qui lui était advenu, et comment, avant de les rejoindre, il avait été guéri par le Dieu des chrétiens; tous glorifièrent alors Dieu qui s'était plu, dans ces jours de tribulations , à montrer sa puissance dans le chef et prêtre de ces païens qui les massacraient sans pitié. Il demeura chez eux quelques jours, et les mages ayant eu vent de lui, voulurent le saisir et le faire mourir de mort violente. Mais lui s'enfuit cette même nuit et s'en alla à Šahrkat, près de l'évêque Habbiba. Comme là encore il redoutait les mages, il se réfugia chez les chrétiens de Mahoza d'Arion. Il s'y instruisit complètement dans la foi, pour laquelle il devait être prêt à donner, peu de temps après, sa vie en sacrifice. Il y fut baptisé et revint dans son pays pour y semer la foi en un seul Dieu en trois personnes. C'était là un spectacle vraiment surprenant : ce second Saul qui, voulant tuer de prime abord les chrétiens, fut instruit dans leur foi et versa pour elle son sang. Combien les gens étaient étonnés et admiraient ce nouvel ouvrier de la grâce divine qui bouillait de l'amour du Christ et prêchait la croix! C'est là la puissance du Très-Haut qui d'un rien fait quelque chose, et unit entre elles les natures contradictoires.

Après avoir baptisé beaucoup de monde, il fut accusé près du mage du pays, Šabour-Tamšabour, qui donna ordre de le lui amener. Tous les chrétiens furent alors saisis de crainte et se mirent à s'enfuir secrètement. Maran-zhka, lui aussi, se dirigea vers les hautes montagnes, et se tint caché dans les grottes et les cavernes, afin |138 d'éviter cette tempête redoutable que les démons maudits avait excitées contre l'Eglise de Dieu. Itilaha, lui aussi, essaya de se sauver, mais étant dans les rues, il fut reconnu et amené au serviteur pervers du soleil. Celui-ci ordonna à un chrétien, nommé Mèharnarsa, qui avait abjuré sa foi et était retourné à son vomissement, de couper l'oreille droite au serviteur de Dieu. Sitôt que ce Judas, qui avait renié son maître, l'eut coupée, il fut frappé de mauvais ulcères et devint comme un objet de crainte pour tous les spectateurs. Ainsi le Christ, notre Dieu, vengea son serviteur en celui qui avait reçu le caractère du baptême. Mais l'esclave du démon ne s'assagit pas à la vue de ce signe éclatant; au contraire son coeur s'endurcit comme celui du roi Pharaon, et le feu éternel lui fut certainement réservé pour la perte de son âme. Le serviteur de Dieu fut alors jeté dans les fers.

Après quelques jours de séjour en prison, il lui arriva des consolateurs à sa douleur et des compagnons de souffrances; entre autres Hafsai, diacre de l'église de Matha de 'Arahayé. A la suite de quoi les deux furent conduits chez le chef des mages; comme ils n'abjuraient pas leur foi, on jugea bon de les envoyer à Béth Laphat, auprès du roi. Comme ni serments, ni tourments, ni promesses ne servirent de rien au démon maudit, pour les faire changer de sentiment, ils furent décapités (à Béth Laphat). Leur corps demeura sur la terre. mais leur âme s'envola et monta vers son créateur, où elle se réjouit et tressaillit d'allégresse en face de ses meurtriers, qui sont tourmentés dans des souffrances sans nombre, dans les siècles des siècles (76). |139 

Pourquoi t'allonger mon discours, cher Pinhés, en le racontant l'histoire navrante de la passion des martyrs de Notre Seigneur. Aucun chiffre ne peut égaler leur nombre, ni aucune plume décrire leurs tourments. Pendant tout le temps que régna Sapor, le sang de nos frères ne tarit point, le glaive ne se replia point et la destruction ne connut de trêve (77). Or, pour Maran-zkha, après avoir |140 longtemps séjourné dans les montagnes et clans les villages, dans une crainte et tremblement indicible, il mourut avant Sapor, après avoir tenu le siège durant vingt neuf ans de la persécution. |141 

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15e Ev. ŠOUBHA-LIŠO' (376-407) Ses parents, originaires de Karka de Béth Slokh, étaient venus dans la suite habiter Arbèles. Dès son enfance, il fréquentait l'église. Là il avança dans la vertu, de degré en degré, jusqu'au moment où il fut digne de devenir le chef universel de toute l'hyparchie d'Adiabène. On dit qu'il avait un extérieur très beau et que de lointaines contrées on venait pour le voir. Dans la dixième année (de son épiscopat (78)), il commença à imposer la main aux prêtres et aux diacres; car ils étaient en petit nombre à cause de la persécution. Dans plusieurs villages, il n'y avait pas même un seul prêtre. En peu d'années, la foi revint, dans notre pays, à sa beauté primitive qui étonnait ceux qui la voyaient.

Au temps de Šoubha-lišo', brillait dans tous les genres du connaissances, l'homme vraiment divin, Mar Théodore l'Interprète. Lui le premier, prouva par la philosophie et la raison l'économie des mystères divins de la naissance et de la souffrance de Notre Seigneur, et enseigna la véritable doctrine de l'existence de deux personnes dans le Christ Notre Seigneur; lui fut le premier maître de Mar Nestorius lequel versa même son sang pour l'orthodoxie. Partout il régnait une grande paix parmi nous et les racines du christianisme pénétraient dans les peuples étrangers et s'y affermissaient. Mar Šoubha-lišo' fut, pour toute cette oeuvre divine, d'un secours immense, et la prit grandement à coeur, de telle sorte qu'il n'en dormait pas du tout la nuit, mais songeait à l'oeuvre de l'évangélisation. Après avoir porté le joug de l'épiscopat dans des labeurs indicibles et des tribulations |142 innombrables, il mourut et fut enterré avec grande pompe, ayant gouverné les fidèles durant la période de trente et un ans.

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16e EV. DANIEL (407-431) Après lui se leva Daniel l'homme doux et humble du village de Tahl; son père était païen et sa mère chrétienne. Il évangélisa et baptisa plusieurs païens, entre autres deux mages. Mais de son temps, comme du temps de Maran zkha, à l'instigation des deux rois pervers, Iezdegerd et Warharan (79), il y eut une cruelle persécution contre les chrétiens. Ceux-ci arrosèrent de nouveau la terre de leur sang et pour cela le feu de la guerre s'alluma entre les Perses païens et les Romains chrétiens.

Dans cette guerre, les deux camps s'accordèrent à donner liberté complète en matière de religion, dans leurs pays. A cette condition, le glaive, notre bourreau, commença à se reposer dans son fourreau (80). |143 

A la faveur de cette légère paix donnée aux chrétiens, le patriarche Mar Iabalaha écrivit et invita tous les évêques à s'assembler chez lui pour affaires ecclésiastiques (81). Avant cela, ils s'étaient réunis une autre fois, au temps de Mar Isaac (82), et avaient décidé que le siège d'Arbèles serait métropolitain et aurait sous sa dépendance, de nombreux autres sièges: ceux de Béth Nouhadra (83), de Béth Bagaš, de Béth Daçan de Ramonin (84), de Béth Bahkart (85) et de Dabarna (86). Mais pour cause de grave maladie, Mar Daniel ne put assister à ce synode; et il prit part à celui de Mar Dadišo' qui eut lieu quatre ans après (87). Les pères y établirent la suprématie du patriarche de Ctésiphon sur tous les évêques, pareille à la supériorité de Pierre sur les apôtres.

Pendant que l'Orient était en paix, et qu'une grande uniformité régnait dans sa doctrine et une charité ineffable sur tous les coeurs, l'Occident était bouleversé et soulevé dans sa doctrine, par le second Pharaon, Cyrille l'Egyptien, |144 lequel, par le secours du bras royal et de la force mondaine, combattit la vérité et persécuta le vrai martyr, Mar Nestorius, patriarche de Constantinople. Lorsque Mar Daniel eut connaissance de ce dissentiment, il prédit, dit-on, que le temps était venu où l'Occident s'obscurcirait et ou la lumière serait vue en Orient. C'est au milieu de ces chagrins et pensées qu'il mourut, le dimanche de l'Octave de Pâques, après avoir abreuvé son troupeau de l'eau de la vie durant vingt quatre ans.

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17e EV. RHIMA (431-450) Ce père était de la ville d'Arbèles, et les Ismaélites reconduisirent chez eux dans le temps où ils fondirent sur le pays d'Adiabène. Il demeura chez eux, selon la tradition qui a été transmise, plus de quinze ans. Il s'enfuit, seul, en errant à travers le désert, jusqu'à ce qu'il fût arrivé dans son pays. Alors se révéla en lui la grâce de l'Esprit-Saint qui l'avait choisi pour la grande oeuvre de l'épiscopat. Lui aussi prit à coeur la conversion des infidèles, imposa les mains à des prêtres et à des diacres pour tous les villages et les villes, convoqua tous les évêques de son hyparchie afin de redresser, d'un commun accord, les affaires tortues, de réconcilier les déchus, d'affermir ceux qui étaient debout et de perfectionner ceux qui marchaient droit.

Pendant qu'en Orient on s'occupait des affaires du gouvernement du peuple et de la sauvegarde de la foi, les pères Occidentaux ruinaient toute bonne oeuvre dans le synode sacrilège d'Ephèse, où Cyrille, l'ouvrier d'iniquité, fit sanctionner le grand sacrilège et le blasphème impudent que dans le Christ vivificateur de notre humanité, il y a une personne et une nature; et Mar |145 Nestorius, bien que n'y ayant pas même assisté, ainsi que plusieurs autres évêques. fut anathématisê et excommunié faussement par les menées de l'Egyptien, et la scission de l'Orient d'avec l'Occident fut complète. Cyrille se reposa alors, car il était parvenu à ses vues perverses, et il avait réussi à rompre l'union de l'Eglise et ses liens indissolubles, se préparant le feu éternel comme récompense de ses labeurs.

Or Mar Rhima, l'an seize de Warharan (88), commença à parcourir tout son diocèse, en enseignant la voie de la vérité, réprimandant les égarés et leur montrant le vrai chemin de la religion chrétienne (89). Les discussions et controverses touchant la foi orthodoxe commencèrent alors à travailler la maison du Seigneur et à miner ses fondements; elle fut détruite chez les Romains et édifiée dans le royaume des Perses. C'est dans cette oeuvre spirituelle que Mar Rhima termina sa vie et alla rejoindre son; Seigneur, l'an douze de Iezdegerd.

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18e EV. 'ABBOUŠTA (450-499) Après lui se leva Mar 'Abboušta; ce père spirituel était d'un village de la montagne, nommé Tallpna. Dès son enfance, il habita Nisibe; dans la suite, il vint à Arbèles. On dit que ce père bâtit vingt cinq églises, depuis le commencement de son |146 gouvernement. Il recueillait de l'argent des fidèles et même des païens, et tout le monde travaillait pour lui gratuitement.

En ce temps, était connu à Edesse l'homme parfait, l'évêque Mar Ihiba, dont les labeurs avancèrent beaucoup l'orthodoxie (90). Quelles souffrances et quelles difficultés ne subit-il pas de la part des disciples de l'iniquité; la plume ne saurait le décrire. Il ne cessait d'enseigner la vraie doctrine (m. à m. des choses vraies) et d'anéantir la fausse (m. à m. les choses fausses), dans l'école d'Edesse, jusqu'à l'heure de sa mort. Après sa mort, les disciples du mensonge se concertèrent, unirent leurs forces et réussirent à chasser de la ville tous les élèves persans (91). Ceux-ci vinrent dans leurs pays, y fondèrent plusieurs écoles, afin de ne pas tourner le dos à Satan (i. e. s'avouer vaincus). Barsauma, évêque de Nisibe, reçut chez lui (92) Narsai, le célèbre docteur, lequel érigea une grande école (composée) d'une nombreuse |147 compagnie de frères, qui ne cesse d'élever des enfants et d'illustres docteurs à (l'église) catholique. Là (ce docteur) interpréta tous les livres divins, sans dévier en rien de l'enseignement de l'Interprète (93). Un grand nombre d'Adiabéniens se rendirent chez lui, comme je l'ai entendu dire à des hommes dignes de foi. Au nombre de ces fils de la droite, se trouva Joseph, qui devint plus tard évêque d'Adiabène, comme nous allons le dire dans la suite. L'Eglise de Dieu se sépara alors en deux tronçons : les Occidentaux crurent en une seule nature et abaissèrent la divinité à des humiliations qui ne lui siéent point et qui répugnent à sa nature, et les Orientaux confessèrent deux natures en un seul «parsopa».

Dans le but d'étendre la religion du Christ et d'allumer dans le coeur des fidèles le feu de l'amour du martyre, Mar 'Abboušta s'entendit avec Jean, évêque de Karkha de Béth Slokh, pour informer le calholicos Mar Babowi, que chaque année tous les évêques de Béth Garmai eussent à se réunir et à faire ensemble la mémoire joyeuse et triomphante de tous les martyrs qui avaient versé victorieusement leur sang pour l'amour du Christ, dans le temps de Iezdegerd (94).

En cette année, au mois d'août, Pirouz, roi des Perses, mourut en allant en guerre contre les Huns (95). Ce roi, quoique païen, avait grandement secouru les chrétiens, dans sa vie, se conduisant toujours et gouvernant d'après les conseils de Barsauma de Nisibe (96). |148 

Dans la deuxième année du Roi des Rois Walaš, le catholicos Akak convoqua tous les évêques de l'Orient au synode qu'il rassembla, selon l'habitude générale (97). Mar 'Abboušta ne put s'y rendre, car une très grave maladie l'avait atteint et plusieurs avait désespéré de lui (98); mais par la grâce du Seigneur, il dut sa guérison aux prières du moine parfait, Abba Mšiha-Rahmeh, d'heureuse mémoire. Il renouvela la construction de l'église d'Arbèles qui existe de nos jours, et l'embellit de toutes sortes d'ornementations, de manière que celui qui la voit, en est dans l'admiration et glorifie Dieu pour les grâces qu'il a abondamment versées sur lui.

La deuxième année du roi Zamasp (99). dans le temps où Mar Babaï prenait le gouvernement du siège patriarcal de l'Orient, , eut lieu le dixième synode et les évêques s'y réunirent de toutes les contrées (100). Or parce |149 que Mar 'Abboušta était devenu vieux et décrépit, il ne put s'y rendre, lui en personne, mais il envoya à sa place Joseph son prêtre et Sidora, son notaire (101). Là on établit que ce serait chaque quatre années qu'aurait lieu la réunion des évêques auprès du patriarche, et non pas chaque deux ans, comme c'était l'habitude antérieurement (102). L'année qui suivit ce synode, mourut Mar 'Abboušta dans une vénérable vieillesse, et les fidèles le pleurèrent pendant longtemps. Avant sa mort, une femme se disposait à apporter chez le saint du Christ, son fils, pour qu'il le guérît, par la vertu de la croix, de la fièvre intense qu'il avait. Mais en faisant lever l'enfant, celui-ci tomba de la chambre où elle était et qui était située dans la partie supérieure de la maison, et il arriva jusqu'au |150 rez-de-chaussée où il mourut aussitôt. Lorsque sa mère descendit et le vit mort, sa raison l'abandonna par la violence extrême de sa douleur. Elle commença alors à prier Dieu de le ressusciter par les prières de 'Abboušta, son serviteur. Elle n'avait pas encore achevé ses supplications que l'enfant se releva joyeux et gai. Elle glorifia Dieu et fit connaître ce miracle par tout le pays. On ne cessa de remercier Dieu de toutes les faveurs, miracles et prodiges qu'il avait accordés à son serviteur 'Abboušta.

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19e EV. JOSEPH (499-511) Ce père était du village de Teldarra. Lorsqu'il eut vingt et un ans, il se rendit a l'école de Nisibe, et là il apprit près du docteur Mar Narsai, tous les livres saints et la doctrine vraie de Mar Théodore. Dès son enfance, il montra des signes de la grâce divine, qui devait faire de lui un homme nouveau. Il resta sept ans (à Nisibe), suçant ce lait spirituel et s'abreuvant de ces eaux douces de l'orthodoxie.

En ce temps, une grande guerre s'alluma entre les Perses et les Romains. A peine Kawad eut-il pris l'empire pour la seconde fois (103), qu'il s'avança contre le pays des Romains, avec une forte armée (104). Le roi des Romains de ce temps s'appelait Anastase. Les Perses prirent plusieurs pays aux Romains : Amed et Reš'aina. Leur but était de susciter de nouveau une persécution contre les chrétiens; mais la guerre ne se termina pas entre eux, |151 et les Perses furent contraints de retourner sur leurs pas, afin de protéger leurs propres pays contre la grande impétuosité des Huns, qui avaient commencé à fondre sur eux. Mar Narsai, le docteur, mourut alors, pendant que les soldats étaient à Nisihe (105). A sa place se leva Elisée de Kouzbou (106), dans le pays de Marga. Celui-ci suivit . son maître et marcha sur ses traces; il remplit l'Eglise de ses éprits, et tous ceux qui les lisent, s'étonnent vraiment de la sagesse divine dont il était illuminé.

En ce temps, l'évêque Mar Joseph eut l'idée d'aller dans la montagne, pour devenir solitaire et y mener une vie paisible, en travaillant pour son Dieu et l'aimant de tout son coeur, de toute son âme et de toute sa force, selon son commandement. Il convoqua donc tous ses prêtres et diacres et leur manifesta son intention. Eux commencèrent à pleurer amèrement sur sa séparation et se mirent à le détourner de cette idée, pour le bien du peuple et l'édification de l'Eglise. Comme aucun n'y réussissait, il y eut une grande rumeur dans toute l'hyparchie. On écrivit une lettre collective à Mar Šila (107) qui avait alors les clefs de l'autorité du trésor céleste. Notre Seigneur le patriarche l'obligea, au nom de Dieu, à retourner à sa charge. Voici la copie de la lettre qu'il lui envoya:

«A l'ami du Christ, Mar Joseph, évêque, métropolitain d'Adiabène; Šila, évêque, patriarche, par l'ordre et la volonté de Dieu, se prosterne devant Ta Sérénité et demande tes prières. |152 a Ta Sérénité le sait mieux que moi, Dieu fait monter les hommes au ciel et les fait parvenir à une digne fin de différentes manières: quelques-uns d'entre eux par l'ascétisme pendant qu'ils sont éloignés de tout tumulte et de tout bruit du monde; quelques autres, par l'état chastedu mariage évangélique (108), pendant qu'ils sont liés par l'amour de la femme, que leur coeur est divisé et qu'ils ont soin de leurs enfants pour les élever dans la crainte de Dieu; certains autres, par le moyen de la supériorité pendant qu'ils dirigent le peuple de Dieu et le conduisent dans la voie de la justice, en le parquant dans les prairies de la force : à ces derniers est promis une plus grande récompense et un plus ample salaire; car celui qui a pour lui l'action et l'enseignement, celui-là sera nommé grand dans le royaume des deux, selon la parole de Notre Seigneur; quelques autres de différentes autres manières. Ta Sérénité sait aussi que l'ascétisme (109), est incompatible avec le mariage, comme aussi avec la supériorité, parcequ'il empêche (ces deux états) de remplir les devoirs qui y sont attachés, comme il sied et comme il faut. Toi donc aussi, ô élu de Dieu, parce que tu as été appelé au rang élevé de la supériorité (représentée par les) dix talents, il ne te convient pas, de par la parole de Notre Seigneur, de devenir solitaire et de t'opposer aux devoirs de ta charge. ---- Souviens-toi aussi, ô Sérénissime, que la volonté de . Dieu t'est manifestée par le concours unanime de l'amour de tout le peuple qui t'est confié et qui te réclame comme évêque et comme guide. Tu sais qu'en ne le conduisant |153 pas de la sorte, le désordre sera semé dans le peuple et tu; iras contre la volonté de Dieu, ce qui est mal, car c'est à nous d'empêcher le désordre et la contravention à la volonté de Dieu. Qui sait, quoique cela soit bien loin de ma pensée, si cette idée n'est pas des princes des ténèbres; car ces ennemis de toute l'humanité ont 1'habitude se détourner les hommes de Dieu de la vraie voie, par des pensées saines, mais qui sont opposées à la perfection. Ne les voyons-nous pas faire entrer chaque jour dans la secte des Messaliens maudits, un nombre incalculable d'hommes de Dieu et les fourvoyer dans le vagabondage ? Pour ces causes et pour d'autres semblables, nous ordonnons et décidons, au nom de Notre Seigneur et par la vertu de l'Esprit-Saint, que tu retournes à ton ancienne fonction, que ton peuple fasse ta joie et que tu fasses la sienne. Prie pour ma faiblesse afin que le Seigneur pardonne mes imperfections; et demeure dans les ardeurs de l'amour de Notre Seigneur.»

Comme Mar Joseph était un homme doux, aimant l'obéissance aux commandements de Dieu et à l'ordre des supérieurs plus que le sacrifice, il obtempéra à la hâte à l'ordre de Mar (Šila) le patriarche, et rentra à Arbèles. Quelle fut la joie qui remplit le coeur des fidèles et surtout des prêtres et des diacres, lorsque derechef ils virent leur père; la plume ne saurait le décrire. Mais cette joie fut courte et ne dura pas longtemps, car le temps désigné pour la fin de Mar Joseph était arrivé, et il était devenu digne de cette couronne à laquelle il aspirait depuis son enfance. Il mourut le quatre du mois de septembre de la douzième année du deuxième empire du roi Kawad (110).  |154

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20e EV. MAR HNANA (511-??) (111) Ce père était également (112) du nombre des élèves de Narsai, le docteur; il s'instruisit donc à l'école de Nisibe, mais ses parents étaient du village de Telniaha en Adiabène. Il composa, lui aussi, après sa sortie de l'école, des discours utiles que nous lisons avec plaisir et admiration (113).

En ces jours mourut Elisée de Kouzbou (114), l'interprète de l'école, et sa place fut occupée par l'homme zélé, l'ouvrier actif, très docte dans l'enseignement de la crainte de Dieu et très versé dans les livres divins, Mar Abraham l'ami de Mar Narsai. Celui-ci dirige l'école avec beaucoup de sagesse, et il nous faut, cher Pinhés, prier et demandera Dieu, qu'il multiplie dans son Eglise des docteurs parfaits, tels que ceux-ci; car la moisson est abondante et les ouvriers sont peu nombreux (115) (Luc, X, 2). |155 Mais de peur que l'homme ne se croie plus sage qu'il n'est, ne s'enorgueillisse, ne se complaise en lui-même et ne tombe dans la superbe, mère des vices, les lecteurs et les épellateurs de l'école s'assemblèrent et dans la réunion qu'ils tinrent, des canons particuliers furent sanctionnés pouf le majordome, et Jean de Béth Rabban fut donné: comme aide à Abraham, à cause. de son jeune âge (116); car un désordre était survenu dans l'école à cause de la mauvaise administration de ses biens temporels. Mar Hnana étant venu à apprendre ce désordre qui eut lieu, le zèle de la maison du Seigneur le dévora et s'étant rendu à Nisibe, par l'efficace de sa sagesse, il fit régner la paix dans cette grande communauté. La barque de l'Eglise reprit son calme, et son gouvernail fut dirigé dans la voie de la sécurité. Au retour, il visita toute son hyparchie, en distribuant conseils et menaces, et après deux ans il atteignit sa ville royale.

En ce temps l'Eglise de Dieu fut très tourmentée, non par des gens du dehors, mais par des gens du dedans, non par des étrangers, mais par des gens de la maison. Car le démon, l'ennemi de notre humanité, voyant que par le glaive de la destruction, il n'arriverait pas à prévaloir contre (l'Eglise) Catholique, et que par les rois païens il ne pourrait tarir la source de son progrès et de; sa propagation, ne trouva d'autre moyen que celui d'émeuter les enfants de l'Eglise et de jeter le trouble et la discorde parmi ses supérieurs. Après la mort du patriarche Šila, il se fit deux réunions d'évêques où on choisit deux patriarches, Narsai et Elisée, contre tous les canons ecclésiastiques (117). |156 

L'un et Vautre s'attribuaient l'autorité séparément. Les ennemis de l'Eglise furent alors dans la joie et ses amis dans la tristesse; en bas l'enfer tressaillit d'allégresse, et en haut le ciel gémit. Ce désaccord dura plusieurs années. C'est pourquoi Mar Hnana. en proie à une grande tristesse, se mit à encourager les pusillanimes, à fortifier et à confirmer les faibles. Il se rendit à Nisibe, source des sciences, et là il répara plusieurs brèches. Il manda à Arbèles Mar Paul de Béth Nouhadra, pour lui confier, pendant tout le temps de son absence, le gouvernement du siège métropolitain de l'hyparchie. Cet évoque, d'heureuse mémoire, avait élu précédemment à la fonction patriarcale, Narsai, et pour cela le trouble, avait bouleversé son diocèse (118). Mar Abraham l'interprète céda à Mar Hnana, le docteur Paul, dans le but de fonder dans le pays d'Adiabêne, une école pour les enfants, afin d'imprimer la foi dans leur esprit et la protéger contre les assauts des hérétiques et des Messaliens. Ce Paul demeura chez nous plus de trente ans, remplissant avec humilité et crainte de Dieu la fonction qui lui avait été confiée par les chefs de l'Eglise. Il ne voulut s'en désister que sur l'ordre de Mar Aba, Catholicos, qui l'obligea, au nom de Notre Seigneur, à accepter l'épiscopat de Nisibe, et cela après le retour (du Catholicos) du Huzistan, comme nous le verrons ci-après (119). . . . . |157 


1. N. B. manquent quelques ligues du l'introduction qui auraient pu peut-être nous faire connaître le personnage du Pinhés. Les chiffres en vedette renvoient aux pages correspondantes du texte Syriaque.

2. (1) Nous faisons remarquer que la chronologie que nous avons trop précipitamment dressée, dans notre réponse à Mr J. B. Chabot, (p. 19) doit être corrigée selon celle que nous adoptons ici.

3. (2) Nous ne savons rien de précis sur cet Habel. L'épithète de docteur qui le suit indique qu'il était chrétien, mais certainement pas évoque. Mšiha-zkha ne le cite que trois fois. Il ne peut donc être Mar Habel le sixième évêque d'Arbèles, comme on serait tenté de le croire. Serait-ce plutôt un de ces nombreux auteurs de Passions qui, au IV siècle, s'occupèrent à ramasser les fastes des martyrs du la persécution de Sapor II? 

4.  (1) Nous pensons que l'historicité d'Addaï, abstraction faite des détails fabuleux dont les écrivains du V, VI, s. ont orné sa vie, ne peut plus être révoquée en doute. Barhadhbšabba 'Arabaya (VI s.) qui tenait ses informations des auditeurs de la fameuse école d'Edesse, mentionne son apostolat dans la capitale de l'Osrhoène (v. son récit dans notre livre, Narsai Homiliae et carmina, vol. I, p. 33). Tous les évêques Orientaux réunis à la cour du roi Kosrau II (21 juin 612) affirment que les contrées orientales ont été évangélisées par ce disciple de Noire Seigneur (Syn. Or. p. 581). Enfin Mšiha-zkha, citant un auteur qui l'a précédé, affirme péremptoirement la mission d'Addaï dans les pays renfermés entre les deux zabs, et fixe son époque vers la fin du premier siècle de notre ère. Par contre, l'existence du disciple Mari doit être considérée, jusqu'à nouvel ordre, de plus cri plus problématique et même fabuleuse.

5. (1) L'évangélisation de la contrée de Béth-zabdai, située sur la rive droite du Tigre, paraît avoir eu lieu de très bonne heure. D'après le récit du Mšiha-zkha, on sérail tenté de croire qu'elle a eu le bonheur d'avoir des évoques avant l'Adiabène. dette donnée nous indique la route suivie par le disciple Addaï pour se rendre en Adiabène. De l'Osrhoène il aurait gagné le sud de l'Arzanène et de là il serait entré dans la vallée du Tigre.

6. (1) Trajan ayant visité l'Adiabène en 116 la mort de Šemšoun doit tomber en 123. Son règne, d'après le texte du manuscrit, est de courte durée, de trois ans, semble-t-il (deux ans de prédication suivis du baptême des catéchumènes); il aurait donc commencé à occuper le siège d'Arbèles en 120. Entre son élection et la mort de Pkidha il y eut six ans de vacances; Pkidha meurt donc en 114. Son épiscopat ayant duré dix ans, le commencement doit en être reporté en 104. Mais avant de recevoir l'imposition des mains, Pkidha avait été pendant cinq ans le compagnon de Mar Addaï, dans ses missions apostoliques, donc de 99 à 104; ce qui nous oblige à fixer l'arrivée d'Addaï, en Adiabène, avant la fin du premier siècle.

7. (1) Ces mots n'entraînent pas nécessairement une succession immédiate. Au contraire. force nous est même d'admettre en cet endroit une vacance de siège d'une douzaine d'années Durant les deux premiers siècles, période de fondation, de lutte avec la religion nationale, et de persécution de la part des mages, ces vacances forcées sont mentionnées par notre auteur à plusieurs reprises. Celle que nous admettons ici, sans qu'il en soit fait mention, est imposée par le fait suivant; Abraham, le second successeur de Šemšoun, est dit être mort de la peste qui décima l'armée romaine, dans la Babylonie, sous Lucius Vèrus, en 163/4. En remontant et en ne donnant à Abraham et à Isaac, les deux successeurs de Šemšoun, que le nombre d'années d'épiscopat qui leur est assigné par le texte, il nous manque douze années pour arriver jusqu'à 123, septième année du passage de Trajan dans l'Adiabène, et année de la mort de Šemšoun.

8. (2) Jusque vers la fin du III siècle, les noms de personnes dans le monde Syrien, étaient pour la plupart ou Juifs ou païens. Après cette période, vint la réaction qui introduisit une nouvelle onomastique, en faisant des noms Syriens un complexe formé, la plupart du temps, du nom de Dieu, du Christ et d'un de leurs attributs immédiats. Les noms de Hnaniso', Iso'iahb, Iso'dnah, Zkha-Iso', Alaha-zkha, Iahb-Alaha etc. deviennent courants et supplantent complètement les vieux noms païens. Tant que la religion chrétienne fut chose cachée, ses adeptes s'abritèrent sous le couvert des noms da pays, juifs ou païens; mais dès qu'elle fui devenue publique, elle ne craignit pas d'adopter des noms signifiant franchement sa croyance en un seul Dieu, en Jésus, etc... Cependant certains noms juifs, consacrés par les apôtres et leurs successeurs, survécurent.

9. (1) Vologèse II régna, d'après les critiques, de 120 à 148 (cf. GUTSCHMID, Untersuchungen ueber die Geschichte des Koenigsreichs Osrhoene, 1887, p. 30).

10. (1) Le lecteur verra dans le cours de cette histoire, qu'à peu près toutes les invasions, contre les Parthes, vinrent du côté des lointaines montagnes qui bordent la mer Caspienne, ou avoisinent la Bactriane proprement dite et l'Oxus. Nous pouvons en inférer que les Parthes, pas plus que les Assyriens, ne purent venir jamais à bout de subjuguer entièrement les hordes barbares qui habitaient ces plages lointaines.

11. (1) Mossoul et ses environs étaient appelés dans l'ancienne littérature Syriaque : tour des Hébreux;voir Narsai Homiliae et Carmina, vol.II, p. 410. Cette dénomination prouve-t-elle l'existence d'un grand nombre de Juifs dans cette contrée?

12. (2) On est étonné de la simplicité du processus usité dans la primitive Eglise pour la création des évêques. L'apôtre choisissait, parmi les nouveaux baptisés, le plus apte à le remplacer, et le laissait à la tête de la petite communauté, après lui avoir imposé les mains, et s'en allait évangéliser d'autres pays. Dans ce but, comme on Je voit par la suite de cette histoire, assez souvent l'évêque se faisait accompagner d'un diacre à qui il imposait les mains lorsqu'il se sentait près de mourir. Le sacrement d'ordre était déjà conféré, tel qu'il l'est aujourd'hui dans l'Eglise, mais surtout dans l'église orientale,

13. (1) Vologèse III régna, dit-on, de nov. de l'an 148 à l'an 191, cf. GUTSCHMID, Untersuch. p. 3U, et DUVAL, Histoire d'Edesse, p. 57.

14. (2) Ces troupes étaient composées, d'après les écrivains latins, de quatre cent mille hommes; cf. G. CANTU, Histoire Universelle, vol. V, p. 408.

15. (1) Allusion à la croyance des Orientaux que les justes ne seront récompensés qu'après le jugement dernier.

16. (1) Le paganisme, au moment de l'apparition du christianisme dans la vallée du Tigre, était représenté par le mazdéisme, mais un mazdéisme altéré, corrompu, formé de superstitions étrangères à la religion de Zoroastre, se réduisant à îles pratiques grossières qui s'adressaient principalement aux arbres, aux fontaines, aux grottes etc. (voir plus haut, p. 80) entretenues et exploitées soigneusement par la supercherie et l'avidité d'une tourbe de mages, sans toutefois exclure, cela va sans dire, le culte essentiel du soleil et du feu. Ce culte dégénéré était la religion du peuple, contre laquelle eut à lutter principalement, pendant plus de deux cents ans, lu christianisme a son début. Les Rois Parthes s'en accommodaient facilement, et n'en faisant point une affaire d'étal, avaient abandonné exclusivement le soin de ses intérêts à la caste du clergé. C'est ce qui explique pourquoi tel évêque du II s. (roir p. 87) se voit obligé de se rendre à Séleucie pour solliciter d'un Vologèse une lettre de protection contre les mages de son hyparchie. Ce culte si grossier, si en rapport avec les instincts religieux du peuple, semble s'être survécu dans la religion actuelle des yézidis.

A côté de cette religion déchue, abâtardie, il y avait le marzdéisme officiel, national, plus dégagé de superstitions, se réduisant à peu près uniquement au culte de feu et de soleil, dans des lieux consacrés ad hoc, les pyrées, religion pratiquée sans fanatisme, peut-être même quelque peu négligée par jes rois Pannes, mais remise en honneur, comme nous le verrons plus bas, à partir de 225 paroles Sassanides, et, unie à des motifs politiques, devenant l'occasion pour les Chrétiens, de verser leur sang en témoignage de leur foi, dans des persécutions sanglantes qui s'étendaient aussi loin que l'empire perse lui-même. Dans ce cas, mages et rois s'unissaient pour verser le sang chrétien et déraciner de leur empire les derniers vestiges du christianisme.

17. (1) Dakouk étant situé à huit heures au sud de Kerkouk, sur la route de Mossoul à Bagdad, et le Saint se trouvant dans le pays de Ninire, l'espace franchie par l'arbre, serait de dix heures environ.

18. (1) Phrase à sens assez vague et contourné. Le dieu-arbre, dans le cas, par sa réapparition au milieu de ses adorateurs, a l'action bienfaisante de la rosée à l'égard de l'évêque Noh. Celui-ci semblable à une fleur en détresse sous les ardeurs du soleil, allait subir un mauvais parti; mais le dieu, en réapparaissant au moment critique, semble protester et prendre l'infortuné sous sa protection, eu exerçant sur lui l'action vivifiante de la rosée.

19. (2) Nous voyons ici réalisée, dans une certaine mesure, la promesse de Notre Seigneur dans St Luc (cap. XVII, 6) «Eradicare et transplantare». ----Comme le lecteur l'aura remarqué, rien, dans celle histoire, qui dénote, chez l'auteur, la prétention à un étalage, souvent grotesque, de merveilleux, tel que cela se voit chez les auteurs orientaux de date récente. Les miracles sont peu nombreux, de bon aloi, présentés sobrement et sans apparat, à leur place : "Domino sermonem confirmante, sequentibus signis".

20. (2) Le nom de prêtre ne se rencontre, pour les temps anciens, dans l'histoire de Mšiha-zkha, que vers la fin du II siècle, sous l'évêque Noh. Celte donnée n'est pas en contradiction avec l'histoire ecclésiastique de l'époque. Le plus souvent c'était l'évêque qui administrait les sacrements et représentait son peuple au dehors, comme successeur des apôtres (Cf. DE SMEDT, Revue des questions historiques, 1888, t. XLIV, p. 329-386; L. DUCHESNE, Origines Chrétiennes, chap. VI) . Le diacre l'assistait dans cette charge, ou conférait même certains sacrements, avec sa permission. Les prêtres n'eurent d'action régulière que lorsque les chrétiens se furent multipliés, et que l'évêque ne put plus suffire au travail.

21. (1) Cette ville est sans doute Xnaiqa_ de Théophyl. et Xamaiqa_ de Théophanes. Elle devait être située près de la vallée de Rawandouz, affluent du petit Zab (cf. HOFFMAN, Auszüge ans Syrischen Akten persicher Martyrer, p. 216.) Nous savons que vers la fin du IV s. celle tille avait un évêque, EVOD-ASSÉM. Acta Martyr. Orien. I. p. 82.

22. (2) C'est la première église placée sous le vocable d'un saint, dont notre histoire fasse mention; n'est-ce pas là une preuve que le culte des saints est aussi ancien, en Orient, que 1 Eglise elle-même. 

23. (3) Le village de Zaira ou Zira était, semble-t-il, au nord-est d'Arbèles, à la distance d'une journée environ; son nom ne se trouve, à notre connaissance, dans aucun autre écrivain.

24. (1) Ne connaissant que l'année de l'avènement d'Habel (179 + 6 de vac. = 183) il nous est impossible de fixer la durée de son épiscopat. La difficulté peut être tournée de la manière suivanie; le deuxième successeur d'Habel, Hiran, a assisté à la chute des Parthes (225, d'après l'auteur; voir plus bas, p. 105). En le faisant donc occuper le siège d'Arbèles, celle même année (225), il s'ensuit que la durée de l'épiscopat de ses deux prédécesseurs = 225-183 = 62 ans. Or 42 moins les 35 de 'Ebedh-Mšiha, prédécesseur immédiat de Hiran, = 7 ans pour Habel, 183 +7= 190. Donc Habel a occupé le siège métropolitain de 183 à 190. ---- D'après l'auteur, Habel a vécu sous Vologèse IV, lequel, d'après la chronologie courante, mais certainement imparfaite, commence à régner en 191. Mais on ne peut faire vivre Habel en 191, car son deuxième successeur, Hiran, ne verrait pas la chute des Parthes (225), contrairement au texte. La date de 191 pour le commencement de Vologèse est donc impossible, d'après notre texte, et doit être avancée.

25. (1) La diffusion du Christianisme, en ces pays, a donc été plus précoce, plus rapide, et plus complète que ne le font supposer les conjectures des savants de nos jours. Avec nos idées actuelles, se ressentant nécessairement du milieu dans lequel nous virons, il nous est difficile de concevoir un état de choses, ancien de 2000 ans. Sur un terrain surtout hérissé d'obstacles, comme l'était la société païenne, au moment de l'apparition du Christianisme, difficilement on conçoit que le doctrine du Christ, ait, en quelques années, laissé des traces assez profondes pour faire croire à la formation d'une société nouvelle au sein de l'ancienne, et éveiller les appréhensions et la jalousie des rois païens. C'est qu'il y a un fadeur avec lequel, bon gré mal gré, il faut compter, si on ne veut pas se heurter à la diffusion subite de l'Evangile du Christ comme à un fait inexplicable. Ce facteur, qu'on perd trop facilement de vue, c'est l'action très positive et très concrète de la Divinité; c'est l'action miraculeuse, visible, à jet continu, que le fondateur de la religion chrétienne avait mise à la disposition de ses ouvriers de la première heure; action aujourd'hui très atténuée dans l'Eglise, mais alors courante, maîtresse, qui produisait tous ces effets si rapides, si étonnants, que nous admirons dans la formation de ces églises, de ces diocèses, de ces communautés chrétiennes et monastiques, dont parlent nos archives des premiers temps.

26. (1) Cette campagne eut lieu vers la fin de l'an 216. Nous savons, en effet, que Macrin, ayant appris la mort de Caracalla, voulut hâter son voyage à Rome et consentit à quitter le territoire Parthe, en signant un traité, aux termes duquel le monarque Arsacide rendait tous les prisonniers de guerre à Macrin et payait une indemnité pour les pertes qu'il avait éprouvées. ----Bien que notre texte dise de son temps, le lecteur remarquera que cette expression doit être prise dans un sens large, comme nous l'avons fait remarquer dans la préface (p. IX-X), et que par conséquent, il ne faut pas s'étonner que cette campagne ait précédé de neuf ans l'avènement de Hiran.

27. (1) D'après Mšiha-zkha, la chute des Parthes arrive le mercredi, 27 Nissan, 535 de l'ère des Séleucides, ou 225 de l'ère chrétienne; donc ni en 224 ni en 226, car le 27 Nissan ne tombe un mercredi qu'en 225. Chaque fois donc que l'auteur rapporte une date de l'ère grecque, c'est 310 qu'il faut soustraire, pour avoir l'année de notre ère.

28. (2) Localité que nous n'avons pas pu identifier. Serait-ce Hezza le gros et ancien village de l'Adiabène, qui est mentionné par les auteurs Syriaques

et qui avait un évêque à la fin du XI s. au dire d'Ebed-Jésu de Nisibe? (cf. Syn. Orien. p. 619). Mais pour un village, le titre de Béth Hezzayé est bien gros. Serait-ce aussi une faute de copiste pour le Béth Houzayé? Ou bien, enfin, une ancienne ville qui servait de résidence à un évêque, et qui aurait changé de nom ou bien aurait été détruite deux cents ans après??

29. (1) Pour l'identification de ces noms géographiques, voir HOFFMANN Auszuge ans Syrischen Akten persicher Martyrer; MARQUART , Eransahr, nach der Geographie des Ps. Moses Xoronaci; NOELDEKE, Geschichte der Perser und Araber zur Zeit der Sasaniden.

30. (2) Nous verrons, dans la vie de Šri'a, à propos de Jacques de Nisibe, que le siège de cette célèbre ville fut eu effet fondé vers la fin du III s. (3) Euseb. lib. VI , cap. XXIII, p. 224 - (édit. Vales). Nous savons par le livre de Unione, encore inédit, de Babai le grand, que les écrits d'Origène étaient très estimés à l'école de Nisibe, vers la fin du VI s. L'enseignement de Hnana d'Adiabène qui commença à diriger cette école en 572 en est une autre preuve. Les Nestoriens devaient haïr Justinien, leur ennemi en doctrine, car il avait dans le cinquième concile œcuménique fait porter des anathèmes qui devaient détruire les derniers représentants du dyophysisme (553). Ce prince haïssait de la même manière Origène, et il avait, en 562 promulgué un édit contre ses partisans (MANSI, t. IX, p. 534; cf. DIEKAMP, Die origenistischen Streitigkeiten. . . MUNSTER, 1900). Les Nestoriens rien que pour se venger de Justinien qui les avait tant molestés, commencèrent à témoigner un intérêt tout particulier à l'égard d'Origène, et son enseignement pénétra insensiblement dans leurs écoles. Que Mšiha-zkha, compatriote et peut-être disciple de Hnana, ait donc jugé Origène et son maître Clément d'Alexandrie, dignes d'une mention particulière dans son histoire, il n'y a rien là qui doive nous étonner.

31. (1) cf. Act. Apost, Cap. IX, 10-19.

32. (1) Ardašir régna jusqu'à 241 et Sapor I lui succéda en effet, en cette même année; cf. NOELDEKE, Geschichte der Perser und Araber, p. 435.

33. (2) Peuple qui habitait au nord du Tabaristan et du Mazendéran. Barhebraeus, Chron. Syr. p. 445 dit : [Syriac] "Khouarazm est un nom de pays, et la ville principale de ce pays s'appelle Gourgania.»

34. (3) C'est le peuple barbare, appelé aujourd'hui Ghilan, qui habitait le S. O. de la mer Caspienne entre le Cyrus et le Mardus des géographes grecs. 

35. (4) La dernière ou la lointaine mer, dans la géographie de l'histoire de Mšiha-zkba, parait être la mer Caspienne.

36. (1) Le lecteur remarque que les patriarches, prédécesseurs de Papa, Šahloupha et Ahadabuhi, mentionnés par les annalistes du moyen âge (Mari, 'Amr, Barhebraeus), ne sont que les évêques d'Adiabène qui allèrent à Ctésiphon pour encourager le petit groupe de chrétiens qui avaient commencé à s'y former dans la 2e moitié du III s. Cette donnée concorde parfaitement avec les anciens documents Syriaques qui nomment Papa évêque de SéleucieCtesiphon (cf. Acta Miles, dans E. ASSEM. Acta Martyr. Orien. I. 72, et BEDJAN Vol II. p. 266 et sqq. ); avec Sozomène et les autres sources grecques qui qualifient ses successeurs du même titre (Sozom. Hist. Eccl. VII, 19 et 10). Il ne peut donc plus y avoir de doute, la liste patriarcale, dressée par les écrivains du moyen âge, n'a aucune valeur historique.

37. (1) Ville située probablement sur le petit Zab (HOFFMANN, Auszùge aus-Syrischen Akten, p. 261); Joseph, son évêque dès l'an 410 est mentionné dans le Syn. Orient, p. 273. En cette même année elle fut placée sous la juridiction du métropolitain de Karka (ibid). Il paraît que, dans les temps anciens, elle dépendait d'Arbèles.

38. (2) Nous n'avons pas pu identifier ce nom; serait-il Rammonin qui en 610 avait un évêque nommé 'Akeb-Alaba, lequel fut placé sous la juridiction de la métropole de l'Adiabène ? (Syn. Orient, p. 273). Rammonin ou Rassonin devait être situé au Nord-Ouest d'Arbèles.

39. (3) Ville située entre Dakouk et Arbèles (HOFFMANN, op . cit. p. 270); nous savons par ailleurs qu'elle avait des évoques, dès le commencement du IV siècle (Histoire de La ville de Béth Slokh : Bedjan, Acta Mart. et Sanct. II, p. 515 et passim; Catalogue des évêques, des prêtres et des diacres qui souffrirent le martyre sous Sapor II, dans le Martyrol. Hieronym. de De Rossi et Duchesne, t. II, p. I, p. LXIII).

40. (1) Voir ci-dessus, p. 96.

41. (2) Cette phrase de Mšiha-zkha est de nature à infirmer, une fois, de plus, les données de Clément d'Alexandrie qui assurait que les mages pratiquaient une continence absolue (Stromates, III, p. 446); voir à ce sujet HOVELACQUE, l'Avesta, Zoroastre et Le Mazdéisme, p. 461-463; G. MASPÉRO, Histoire Ancienne, vol. III, p. 588-589.

42. (3) C'est-à-dire d'Ahadabuhi; il est assez malaisé de savoir de quelle ordination il s'agit; nous pensons que ce serait du diaconat.

43. (1) Bahram ou Warharan, régna de 270 à 293 (NOELDEKE, op. cit. ibid, ).

44. (1) Remarquer l'analogie qui existe entre les hauts-faits de ce satrape païen et la passion de Kardagh, autre satrape chrétien, qui serait mort, d'après sa vie, vers l'an 358 (BEDJAN, Acta Martyrum et Sanctorum, II, p. 442; cf. DUVAL, Littérature Syriaque, p.137-138, NOELDEKE. Zeitschr. der deut. morg. Gesell. t. XLIV, p. 530). Le second pourrait-il être identifié avec le premier? Les annalistes chrétiens, après plus de trois siècles, auraient débaptisé ce premier sous le nom de Kardagh, et en auraient fait un martyr digne d'orner les fastes de leurs passionnaires. Considérant l'état où se trouve actuellement sa vie, surchargée d'anecdotes et de faits postérieurs aux événements qu'elle nous lègue, nous serions tenté d'en placer la composition vers le milieu du VIII siècle.

45. (1) On voit que les supplices infligés par les Sassanides ne le cédaient nullement en barbarie aux tourments inhumains édictés par les anciens Achéménides et les Assyriens; l'intervalle de plus de 500 ans qui sépare les deux puissances iraniennes, n'empêche pas les premiers de suivre les brisées des derniers (cf. G. MARPÊRO, Histoire Ancienne, vol. III, p. 412 et suiv. et 674 et suiv.). 

46.  (2) Voir ci dessus, p. 111.

47. (3) Se rappeler que le mot Villes, dans la Littérature Syriaque et Arabe, est l'équivalent de Séleucie-Ctésiphon (cf. plus baut p. 105).

48. (4) Voir ci-dessus, p. 112.

49. (1) Voir plus haut, p. 79. 

50.  (2) C.-a-d. pour si peu.

51. (1) C'est-à-dire de l'emploi d'un ministre inique contre un maître inique.

52. (1) Il paraît, par ces mots, que les chrétiens de Séleucie relevaient , dans les commencements, des évêques de Suse. C'est le motif, croyons-nous, qui a mis quelques années plus tard, Séleucie et Suse, en conflit continuel de juridiction (Miles et Papa). Les évêques de Suse ne se crurent satisfaits qu'au commencement du V siècle, où le Synode d'Isaac (410) qualifie l'évêque de Kaškar, leur voisin, de «fils de la droite et fils du ministère du Catholicos,» et le charge d'administrer le diocèse patriarcal, sede vacante; le synode de Joseph (554) renouvelle cette disposition, en y ajoutant le droit de convoquer le collège électoral qui nommera le patriarche (Syn. Orient, p. 272 et 365). Sur les démêlés de Papa, voir J. LABOURT, Le Christinanisme dans l'Empire Perse, p. 18-28; comp. J. B. CHABOT, Syn. Orient, p. 289, n. 2. BEDJAN, vol. II,p. 266 et Sqq.

53. (2) Papa fut ordonné, d'après notre texte, vers la fin de l'épiscopat d'Ahadahuhi qui occupa le siège jusqu à 291. L'élection de ce fameux patriarche doit donc être placée entre 285 et 291. On peut par là redresser l'erreur de Mari (p. 8 de l'édition latine de Gismondi) qui donne à l'apa79 ans de règne (de 247à 326). D'après Mšiha-zkha, Papa n'aurait occupé le siège de Séleucie que pendant 35 ou 40 ans tout au plus.

54. (1) Hormizd II régna de 302 à 309 (NOELDEKE, op. cit. p. 435).

55. (2) Voir l'Histoire de Beth Slokh (BEDJAN, vol. Il, p. 515 et Auszüge, p. 48). Si cet évêque est le même que celui qui est mentionné dans les actes du synode d'Isaac (Syn. Orient, p. 274)nous devons lui donner cent ans d'épiscopat (cf. BRAUN, Der Briefwechsel des Katholicos Papa von Seleucia, et la Zeitscher. fur Kathol. Théologie, 1894.

56. (1) L'hypothèse d'après laquelle Papa devrait la suprématie sur les évêques de l'Orient, à l'intervention des prélats occidentaux, est, croyons-nous, très plausible; mais la lettre que ces derniers écrivirent à Papa, n'est certainement pas celle qui est consignée dons les actes juridiques d'Ebedjésu de Nisibe (Coll. Can. tr, IX, cap. V.Amr, p. 4 et sq). Cependant l'existence d'une lettre de ce genre est attestée, non seulement par les compilateurs du moyen âge (Mari, p 5; 'Amr, p. 4; Barhebraeus II, col. 26) et par Mšiha-Zkha, mais, encore par les actes du synode de Dadišo' qui eut lieu une centaine d'années après (Syn. Orient, p. 285) ainsi que par la correspondance, apocryphe, dit-on, de Papa (BRAUN, op. cit. ) La rédaction de cette dernière peut être placée au commencement du V siècle. Comme Sa'da, évoque d'Edesse, dont parle Mšiha-zkha, a occupé le siège de 313 à 324 (DUVAL, Histoire d'Edesse, p. 138) et qu'il est un des prélats occidentaux consultés, Papa en aurait appelé aux primats syriens de 315 à 324. Cette intervention des pères occidentaux n'est pas unique; voici en quels termes s'expriment, à ce sujet, les orateurs du synode de Dadišo', tenu en 424: «Vous le savez, ô nos Pères! chaque fois que le schisme et la discorde ont existé chez nous, les Pères occidentaux ont été les soutiens et les auxiliaires de cette (Paternité (du siège de Seleucie-Ctesiphon). . . Ils nous ont aussi délivrés et libérés des persécutions excitées contre nos Pères et contre nous par les mages, grâce aux ambassadeurs qu'ils envoyèrent en noire faveur. 

57. (1) C-à-d. ignorant la démarche des Occidentaux auprès de Constantin.

58. (2) C'est-à-dire de Nisibe; au dire d'Elie de Nisibe, le siège de cette ville fut créé en 300/1 par Babo qui l'occupa jusqu'à 309. D'après le même auteur, Babo eut pour successeur Jacques qui siégeait déjà en 237/8 (cf. Elle de Nisibe cité par les éditeurs de la Chron. Eccles de Barhebraeus, col. 3l n. 2). Oc 337/8 à 363 et an delà, le siège fut occupé, d'après Si Ephrem, par Babo (II ?), Vologèse et Abraham. Le Saint Docteur dit en effet dans une de ses hymnes composée avant 363, année de la cession de Nisibe et de sa banlieue, par Jovien : [Syriac]  «Le. diocèse de l'illustre prêtre Jacques, s'illustra avec lui et comme lui, et parce que lui avait uni sa charité à son zèle, il (son diocèse) revêtit la crainte de Dieu et la charité. (Ce même diocèse) libéra les captifs avec de l'argent, par le moyen de Babo, ami des aumônes. Il ouvrit son cœur aux Livres Saints par Vologèse, expert dans la loi. Que par toi (évêque Abraham) il soit grandement secouru». ---- Il resterait une difficulté à résoudre: faut-il croire, avec Elie que Babo a précédé Jacques, et partant admettre deux Babo, l'un prédécesseur et l'autre successeur de Jacques, ou bien faut-il s'en tenir à St Ephrem qui nomme Jacques, son maître, comme le premier évêque de la ville?

59. (1) Les Syriens appellent, sur la foi de Socrate (Hist. Eccles. I, VIII), le concile de Nicée "le concile des 318"; mais rien n'est plus incertain que le nombre des Pères. Eusèbe rapporte qu'ils étaient plus de 250. MM. Gelzer, Hilgenfeld, Cuntz, ont étudié les listes des souscriptions dans Patrum Nicaenorum nomina latine, graece, coptice, syriace, arabice, armenice (Lipzig, 1898 jet ont compté en effet 250 noms; mais on ne peut guère en reconnaître avec certitude que 237 (ibid, p. LXV-LXX, et J. B. Chabot, Syn. Orient, p. 259, n. 2). Aucun évoque Perse ne prit part à ce concile; quelques listes syriaques nomment un Jean de Béth Parsayé, mais ce nom est une falsification de Jean, évêque de Perrhae. La présence donc, dans ce concile de Jacques de Nisibe, avec son disciple Ephrem, et des évêques de Šahrkard et de Béth Slokh (Histoire de cette ville, BEDJAN, vol. II. p. 510 et sqq.)etc. etc. n'est qu'une fable.

60. (1) Si notre note (p. 106) est fondée, il y aurait, dans le règne de Sapor II, une année de différence entre la chronologie de noire auteur et celle établie par Noeldeke : 309-379.

61. (1) Cette campagne serait celle qui eut lieu une année environ après la mort de Constantin le Grand, et quelques mois avant celle de Jacques de Nisibe, c'est-à-dire, vers la fin. de 338 (Cf. JULIEN, Orat. I, p. 33); car l'auteur dit plus bas que Sapor, forcé de lever le siège, jura d'exterminer le nom chrétien, ce qu'il tenta par le premier édit de persécution, qui partait de la fin de 339.

62. (1) L'élection de Siméon Bar Sabba'é aurait donc eu lieu en 328 / 9. Sa mort arrivant en 341, il n'aurait gouverné que 12 ans, et non 18 ('Amr, p. 19) ou 15 (Mari, p. 8, 14); comp. Barhebraeus, Chron. Eccl. II, p. 35.

63. (2) La phrase suivante du Syn. Orient (p. 47du texte) ne prouverait pas que Papa eût des prédécesseurs sur le siège de Séleucie : [Syriac] Le prétérit [Syriac] (ou à la rigueur la particule [Syriac]), pourrait indiquer une ancienneté d'ordination, par laquelle un évéque avait le droit d'être nommé, dans les diptyques, avant un autre d'ordination plus récente. Les anciens diptyques mentionnaient en effet les évêques, par ordre d'ancienneté de leur sacre. Le mot sous-entendu et à suppléer peut donc être [Syriac] qui l'ont précédé par leur ordination et non pas nécessairement [Syriac] qui l'ont précédé dans le patriarcat de Séleucie cf. LABOURT, , op. cit p. 13 n. 2.

64. (3) D'après Mšiha-zkha, il y aurait eu deux édits de persécution, l'un datant du 6 Nissan de la fin de 339, et l'autre de septembre de l'an 340. Le premier aurait subi un ralentissement motivé par les préparatifs de guerre cf. LABOURT, op. cit. p. 50, n. 2. Les Passions des martyrs prennent pour point de départ le premier édit (cf. la passion d'Azad, Bedjan, Acta Mart. et Sanct. II. p. 248. 

65. (1) C'est-à-dire vers la fin de 339 d'après la chronologie de Noeldeke, et au commencement de 34l d'après celle de Mšiha-zkha. Le compùt de Bar Penkayé que nous éditons aujourd'hui est conforme à celui de Noeldeke: [Syriac] «l'an 3 de la royauté de Constantin, roi fidèle, régna en Perse Sapor, le mage.» Constantin ayant été proclamé Auguste à la mort de Constance Chlore en 306, la troisième année de son règne tomberait en 309.

66. (2) Cf. Act. Mart. et Sanct. vol. II, p. 143.

67. (1) Comp. Aphraate (Démonst. XXI, col. 932 et 933, édit. Parisot).

68. (1) Comp. Ad. Mart. et Sanct. II, p. 26l et 268.

69. (2) C'est-à-dire, d'après Mšiha-zkha, vers la fin de 342.

70. (1) Le but de Mšiha-zkha, en composant son histoire, paraît donc avoir été de tracer sommairement la série des évêques de sa métropole, et des prêtres ou des diacres qui y souffrirent le martyre. C'est pour cela qu'il ne fait pas une mention détaillée des martyrs laïcs de son pays. Pinhés, à qui le livre est destiné, paraît donc avoir été un prêtre ou un nzira, c'est-à-dire un enfant destiné dès son enfance à être évêque, comme c'est l'usage aujourd'hui chez les nestoriens; mais ce dernier point est fort douteux, et nous ne savons vraiment pas s'il y avait des nzirés au V-VI s. et nous ne saurions décider si la classe des [Syriac] (BEDJAN, vol. II, p. 241 et 251; Syn. Orient, p. 265 etc. ) qui ne peuvent nullement être des pèlerins de Jérusalem : [Syriac], sont à identifier avec les nzirés de de nos jours, quoiqu'une glose marginale du Syn. Orient. (ibid. n. 7) explique le mot [Syriac].

71. (2) On voit qu'il n'est pas dit que Jean assista au concile de Nicée, comme le prétend l'auteur de l'histoire de la ville de Béth Slokh (BEDJAN, II, p. 515); voir plus haut, p. 125 n. 1.

72. (1) Ces martyrs nous sont inconnus de par ailleurs; le volume IV (p. 131) des Act. Mart. contient la passion d'un Hannania qu'on ne pourrait identifier avec celui dont parle notre auteur, car 1° il était laïc, tandis que le nôtre était diacre de l'église, 2° il fut massacré en 345, et le nôtre subit le martyre en 344.

73. (1) Voir Sozomene, H. E. II, 12. Patr. Graec. LXVII, col. 965. Celle campagne ne serait-elle pas celle que devait entreprendre Sapor, pendant que Constance s'employait à réduire Magnence et que les généraux romains s'occupaient de la question de l'élévation de Gallus à la dignité de César, le 15 Mars, 351?

74. (1) C'est-à-dire vers 351 2; cf. Act. Mart, et Sanct. vol. IV, p. 166, à propos des martyrs Gèles.

75. (2) Comp. Act. Mart. et Sanct. Vol, IV, p. 133.

76. (1) Nous croyons utile de dresser une liste, quoique très imparfaite, des roitelets et des gouverneurs militaires de l'Adiabène, connus par l'histoire de Mšiha-zkha:

Vers 149 Rakbakt (p. 82)

Vers 189 Narsai (p. 101)

Vers 225 Šahrat (p. 105)

Vers 230 Adorzahad (p. 108)

Vers 2*6 Goufrašnasp (p. 114)

En 365 Pagrasp ou Pargasp (p. 131)

En 366 Pironz-Tamšabour (p. 132 cf. Bedjan, IV, p. 128)

Vers 355 Adorparéh (p. 134 cf. Bedjan, IV, p. 130) Les passions des martyrs (Bedjan, vol. II, p. 286 et sq.) nous font connaître un roi (sic!) d'Adiabène, nommé Ardašir, qui régnait dans la 2e moitié du IV. s; mais cette donnée est difficile à expliquer, car 1° elle ne paraît pas être en pleine conformité avec le passionnaire de l'Adiabène (ibid. vol. IV, p. 128-165) et avec Mšiha-zkha; 2° depuis l'avènement de Sassanides, l'Adiabene fut réduite en satrapie et l'époque des roitelets expira par le fait même (p. 108). Cet Ardašir serait donc un des chefs de mages, pareil à celui dont il est question à la p. 137 ou bien un gouverneur de la province de l'Assyrie, ou bien enfin le fameux Ardašir, le frère de Sapor II (Tabari, p. 70, n. 1). Les gouverneurs (ou plutôt les mobeds) de 355 et au delâ, comme Kourkasid (IV, p. 137) et Adoršag (p. 131) ne sont pas mentionnés par notre auteur.

77. (1) Sozomène affirme que le nombre des martyrs de la persécution de Sapor, dont les noms étaient connus montait à 16,000 (H. E. II, 14 : P. G. t. LX. V1I, col. 969). Ce chiffre peut ne pas paraître exagéré, si l'on songe au grand nombre de chrétiens qui peuplaient le domaine des successeurs des Achéménides. Mšiha-zkha (p. 106) compte plus de 17 évêques, en 225, dans les provinces du centre seulement; les actes des martyrs mentionnent plus de 16 évêques de pays différents qui subirent le martyre; ne s'en trouyait-il pas d'autres qui furent épargnés? (cf. ASSEM. Acta Mart. Orient. I, p. 136, 82, 220, 227, 151, 230, 81, 41, 83, 80; BEDJAN, IV, p. 128, 130. etc. etc. ). Les passionnaires publiés, de nos jours, nous fournissent des données certaines sur le grand nombre de chrétiens (BEDJAN, II, p. 261 et sq. etc. ) Parmi ces chrétiens nous trouvons plusieurs religieux et religieuses qui subissent le martyre (Evod. Assem. ibid. p. 166, 165, 100, 71, 166, 123, 103, 55). Aphraate (lre moitié du IV s. ) qui a consacré sa VI homélie à ces religieux et religieuses appelés «fils et filles de pacte» montre très bien qu'ils étaient très nombreux et très appliqués à la vie parfaite et insinue qu'il était lui-même de leur nombre. Nous pourrions nous demander si une centaine d'années suffiraient pour établir tout cet attirail et pour faire propager si rapidement une religion. Par la force des choses, il nous faut donc faire remonter l'évangélisation des chrétientés persanes aux débuts même du christianisme. ---- Les paroles des historiens occidentaux ne sont pas moins expresses; Tertullien écrit (Adv. Judaeos, cap. VII) «in quem enim alium (nisi in Christum) universae génies crediderunt, Parthi, Medi, Elamitae, et qui habitant Mesopotamiam. . ." Cf. Iren. adv. haer. lib. I, cap. X. Denys d'Alexandrie (Euseb. VII, 5) parle des églises de la Mésopotamie et de leurs rapports avec les autres églises; Eusèbe de Césarée (praepar. evang. VI, 10, 66) mentionne des chrétientés en Parthie, en Médie, en Perse, en Bactriane. et dans le pays des Gèles (cf. HARNACK, Die Mission und Ausbreitung des Christentums in den ersten drei Jahrhunderten, p. 642 et sq. ) Le commerce entre Antioche, Edesse et Arbèles était très actif au commencement de notre ère (plus haut, p. 103; 89); de plus les actes des apôtres nous apprennent qu'au temps pascal les Juifs de la Parthie, de la Médie, de l'Elam et de la Mésopotamie se rendaient à Jérusalem (Act. II, 9). Rien n'aurait empêché le zèle des apôtres du Christ de se rendre sur le territoire Perse et y semer la doctrine de leur maître. Pourquoi franchiraient-ils les mers pour aller dans des pays à moeurs étrangères, et négligeraient-ils des contrées avoisinantes qui avaient les mêmes habitudes et souvent la même langue, et qui étaient habitées par un nombre tres considérable de Juifs? (voir plus haut, p. 89, 87 n. 1).

78. (1) C'est-à-dire en 386.

79. (1) Iezdegerd I régna de 399 à 420 et Bahram V qui lui succéda de 420 à 438 (NOELDEKE, op. cit. ibid. ).

80. (2) Nous pouvons inférer du récit de Mšiha- zkha que les persécutions de Iezdegerd I (399-420) et de Warharam V (420-438) ne sévirent pas en Adiabène; l'édit de Iezdegerd qui parlait de la fin de l'hiver de 420 n'eut pas le temps de faire un grand nombre de victimes 1° parce qu'il n'aurait duré que six mois environ, car le roi mourut en automne de cette même année (TABARI, p. 77, n. 1); 2° parce que le roi qui avait promulgué cet édit contre ses dispositions (cf. SOCRATE, Hist. Eccles. VII, 18) forcé par les instances des prêtres du feu, n'aurait pas déployé un grand zèle à le mettre en exécution. ----- La persécution de Warharan n'eut pas non plus le temps d'étendre ses cruautés dans les pays renfermés entre les deux Zabs; commençant vers la fin de 421, elle cessa en 422, grâce au sucrés des armes d'Ardabure sur Miharnarsé. Nous ne pourrions donc pas croire avec l'auteur de la passion de Pérouz (HOFFMANN, op. cit. p. 39)que cette persécution dura cinq ans.

81. (1) En 420 (Syn. Orient, p. 276).

82. (2) En 410 (ibid. p. 253).

83. (3) Les Orientalistes n'ont pas pu reconnaître le véritable emplacement de ce pays; Lamy l'identifie avec Nehard*a au S. E. de Babylone, où florissait une grande colonie juive (Barhebr. Chron. Eccles. II, p. 69, n. 1). Hoffmann, Chabot, Marquart (Loc. cit. p. 208-216. ---- Syn. Orient. 669. ----p. 22) le placent entre le Tigre et le Habour, le Tour 'Abdin et le Djebel Sindjar. Béth Nonhadra est situé au nord de Ma'alta et à l'ouest de la montagne de Béth' Edré, aux environs du cada de Dehok actuel.

84. (4) Voir plus haut p. 112.

85. (5) Nous ne pouvons identifier ce nom qui s'appelle aussi [Syriac] (Syn. Orient, p. 33).

86. (6) Cette localité qui est écrite [Syriac] dans le Syn. Orient. (p, 33), n'a pu être identifée jusqu'à nos jours.

87. (7) I.e. après le synode de Iabalaba,

88. (1) C'est-à-dire en 436

89. (2) L'auteur de l'histoire de Bèth Slokh, (Act. Mart. et Sanct. II, p. 521) mentionne un évêque d'Arbèles qui fut martyrisé sous Iezdegerd II, vers 4'j6, mais il a bien garde de nous le nommer. L'évêque de l'Adiabène, en cette année, s'appelait Rhima et notre lexie ne dit pas qu'il a été martyrisé. Si l'information de l'auteur anonyme est fondée, il faut dire que cet évêque, n'était pas à proprement parler celui d'Arbèles, mais bien celui d'une ville dépendant de cette métropole.

90. (1) Il s'agit de l'évêque d'Edesse Ibas (635-657) qui contribua plus que tout autre à la propagation du nestorianisme (Duval, Littérature Syriaque p. 363-346)

91. (2) Cf. le récit de Simon de Béth Aršam dans Assem. B. 0. I, 346

92. (3) II est assez malaisé du savoir en quelle année Barsauma quitta Edesse pour se rendre à Nisibe; il s'est certainement rendu sur le territoire perse avant 657, année de la mort d'Ibas et de l'expulsion desdocteurs. Nous pouvons déduire cela du récit de Barhadhbšabba (dans Narsai Homiliae et Carmina 1. p. 34) et de Mšiha-zkha etc. Il se trouyait aussi à Edesse en 669 où ses accusateurs demandent instamment son bannissement (MARTIN, Revue des sciences ecclésiastiques 1876, p. 539). Tout nous porte à croire qu'il aurait quitté pour toujours la capitale de l'Osrhoène en 450/1 et qu'il aurait été sacré évêque de Nisibe peu de temps après. Il est donc inexact de croire avec Ebedjésus et Elie de Nisibe qu'il fut promu à l'épiscopat en 435.

93. (1) c'est-à-dire Théodore de Mopsueste; sur les commentaires de Narsai et ses autres oeuvres voir Narsai homiliae et Carmina. 1, p. 9 et sq.

94. (2) Cf. Histoire de la ville du Béth Slokh, vol. II, p. 531

95. (3) Pirouz mourut en 484 (Tabari, p. 126 et sq. )

96. (4) Comp. Barheb. Chron. Eccles. II, p. 65.

97. (1) Le Synode d'Acace eut lieu eu 486 (Syn. Orient, p. 299)

98. (2) Les quelques mois d'entrée en matière du synode d'Akak (Syn. Orient, p. 30), mentionnent l'Adiabène parmi les villes dont les évêques étaient présents au concile, mais ils ne nous, donnent pas le nom de 1'évêque. Cette donnée proviendrait d'une interpolation d'un scribe, pareille à tant d'autres que nous présente, dans sa forme actuelle, le Syn. Orient. à preuve, l'absence, à la fin du concile, d'un signataire du pays d'Adiabène; car si un métropolitain d'Arbèk s y était présent, sa signature n'aurait pu y faire défaut. Le mieux est donc de s'en tenir à Mšiha-zkha qui dit que 'Abboušta, alors évêque de la métropole, n'assista pas au concile, pour cause de maladie.

99. (3) En 498.

100. (4) Voici l'ordre que l'auteur aurait suivi, selon nous, pour arriver au nombre de dix, dans l'énumération des conciles : Ancyre, Nicée, Gangres, Antioche, Laodicée, Isaac, Iabalaha, Dadišo', Acacius (Cf. Syn. Orient, p, 609 et sq. ) Il serait intéressant de savoir la législation et les autorités judiciaires des nestoriens du VI s. Quels synodes locaux de l'Occident leur étaient connus? Quels sont ceux qu'ils rejetaient? Avaient-ils traduit, dans leur langue, l'ensemble des lois, générales et locales, qui régissaient le grand état Occidental ?

101. (1) Par cette phrase de Mšiha-zkha, on peut comprendre l'erreur du copiste du Syn. Orient, qui, à la page 315, 1. 17, nomme Joseph, évêque d'Arbèles et métropolitain de l'Adiabène, et à la page 317, nomme Sidoura comme notaire de 'Ahboušta l'évêque et te métropolitain de l'Adiabène, et le fait signer pour lui. Faut-il supposer (chose impossible) qu'il y avait deux évêques sur le même siège ? Après le concile de Nicée, cette anomalie ne s'est jamais présemée dans l'église Orientale. La difficulté pourrait se résoudre de deux manières : ou bien il y a une faute de copiste et une interpolation du texte original qui devait être constitué de la manière suivante «Joseph, prêtre d'Arbèles, métropole de l'Adiabène», au lieu de «Joseph évêque d'Arbèles, métropolitain de l'Adiabène»; ou bien Joseph, devenant évêque de l'Adiabène, un an après le synode, le collecteur du synodicon, a nommé Joseph, comme évêque signant en son propre nom, c'est-à-dire acceptant tous les décrets du synode tenu antérieurement (cf. Chabot, ibid. p. 618).

102. (2) cf. Syn. Orient, p. 313.

103. (1) Kawad régna de 688 à 696; en cette même année il fut déposé, et Zaraasp fils de Pirouz le remplaça jusqu'à l'an 498; il fut replacé de nouveau sur le trône qu'il occupa jusqu'à 531.

104. (2) Cette guerre qui a été racontée parle pseudo-Josué (édit. Martin) commença le 22 août 501 (Tabari, p. 146, n. 1),

105. (1) Narsai mourut on 502, (Narsai Homiliae et Carmina, I, p. 8)

106. (2) Barhadbbšabba 'Arabaya l'appelle Bar Kouzbayé et dit qu'il dirigea l'école pendant sept ans (ibid. p. 35).

107. (3) Šila occupa le siège de Séleucie de 505 à 523.

108. (1) Se rappeler que Šila était marié (Mare, p. 41; 'Amr, p. 22)

109. (2) Pris dans un sens tout objectif, pour l'ensemble des règles et des pratiques auxquelles assujettit la vie érémitique et cénobitique.

110.  (1) c'est-à-dire en 511.

111.  (1) Si ce Hnana est le même que celui qui a assisté au synode de Mar Aba I tenu en 564, il aurait occupé le siège plus de 33 ans (Syn. Orient, p. 366, 365), et serait mort bien avant 556 puisque nous voyons un autre évêque d'Adiabène, nommé Msabbha, qui signe au synode de Joseph (556); cf. Syn. Orient, p. 366.

112. (2) C'est-à-dire comme Joseph son prédécesseur (v. plus haut, p. 150)

113. (3) Il ne nous est rien parvenu des oeuvres de ce Hnana; ses écrits n'auraient-ils pas été dans la suite confondus avec ceux de Hnana également d'Adiabène, et directeur de l'école de Nisibe depuis 572 ? (Narsai homiliae et Carmina I, p. 8, 37 sq. )

114. (4) Elisée de Kouzbou mourut en 509, après avoir dirigé l'école pendant sept'ans. ---- Mr l'abbé Chabot, nous a, par méprise, imputé une erreur que nous n'avons jamais faite; il écrit dans le journal asiatique (1905, p. 465, n. 4) : «d'après une note du P. Mingana, selon Barhadhbšabba, cet Elisée est le même qu'Elisée évoque de Nisibe.» Or le sens de notre phrase est, mot pour mot, opposé à cette idée «secundum Barhadhbšabbam hic auctor alius est ac Elisaeus qui fuit episcopus Nisibin.» (Ibid p. 8).

115. (5) Cette histoire est donc l'oeuvre d'un contemporain, admirateur d'Abraham.

116. (1) i. e. le jeune âge d'Abraham. 

117.  (2) Šila mourut en 522 / 3, et la compétition de Narsai et d'Elisée

dura jusqu'à 539, c'est-à-dire seize ans environ (cf. Amr, p. 22; Mari, 42-43).

118. (1) 'Amr (p. 22) mentionne aussi ce Paul parmi les électeurs de Narsai, mais il dit faussement qu'il était métropolitain d'Arbèles.

119. (2) En examinant attentivement le manuscrit, nous avons remarqué que les pages disparues ne seraient qu'au nombre de quatre seulement, à moins d'admettre (ce qui est peu probable) qu'un cahier entier ait disparu, après ces deux feuilles. ---- Ce Paul, qui devint évêque de Nisibe, ne peut donc être identifié avec Paul le Perse de Mercati (Per la vita e gli scritti di Paolo il Persiano, 1899, p. 3, n, 2) qui se trouvait à Constantinople, au temps dont parie Mšiha-zkha, c'est-à-dire de 525 à 533 (LABOURT, le Christianisme dans l'empire perse, p. 166 ). — Les conclusions tirées de ces dernières pages, pour l'époque de la composition de celle histoire, sont exposées dans la préface ( p. VIII - IX ).


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This text was transcribed by Roger Pearse, Ipswich, UK, 2006. All material on this page is in the public domain - copy freely.

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